L'Unedic devrait dégager 12 milliards d'excédents en 1996

Revaloriser les allocations de chômage ou donner la priorité à la réinsertion des chômeurs ? C'est autour du débat sur l'utilisation des excédents dégagés en 1996 par l'Unedic que les partenaires sociaux, gestionnaires du régime d'assurance chômage, vont s'affronter, lors du Conseil d'administration qui se tient aujourd'hui. Les dernières prévisions établies par les experts de l'Unedic sur la situation financière du régime pour 1996 sont plus optimistes que celles présentées en février dernier : autour de 12 milliards de francs au lieu de 7 milliards. Cette heureuse surprise n'est pas due à une amélioration des prévisions de chômage. Comme en février, l'Unedic table sur une progression du nombre des demandeurs d'emploi d'environ 120.000 en 1996. C'est le volet recettes qui dégage un excédent imprévu. Les experts constatent de bonnes rentrées de cotisations, surtout au premier trimestre, et une augmentation de la masse salariale, les entreprises ayant eu tendance à compenser, par des hausses de salaires, les effets du RDS qui est venu ponctionner les feuilles de paie le 1er février. Que faire de l'excédent ? Compte tenu des avis divergents des partenaires sociaux, la revalorisation des allocations de chômage inscrite à l'ordre du jour du conseil d'administration va donner lieu à des débats houleux. La plupart des syndicats, soutenus par les asso- ciations de chômeurs qui manifestent aujourd'hui devant le siège de l'Unedic, demandent que l'excédent finance un relèvement des prestations : 17 % pour la CGT, 4 à 4,5 % pour FO et 4 % pour la CFTC. Développement de l'insertion ou meilleure indemnisation Face à ces exigences, le patronat veut jouer la prudence. Il sait à la lumière de l'expérience que les prévisions de chômage se retournent très rapidement, à la hausse comme à la baisse. Il suffit de se souvenir que, en novembre 1995, les experts de l'Unedic tablaient pour 1996 sur un excédent de 17 milliards et une baisse du nombre des chômeurs de 185.000. Cruelle révision quatre mois plus tard : l'excédent ne serait que de 7 milliards et le nombre des demandeurs d'emploi en hausse de 106.000. Le CNPF, qui redoute toujours une augmentation des cotisations, souhaite une revalorisation minimale des allocations, limitée à l'inflation. Le gouvernement, soutenu par la CFDT, est partisan de renforcer « l'activation » des dépenses d'assurance chômage pour faciliter la réinsertion des sans-emploi. « Il faut faire en sorte que celui qui se bat pour avoir du travail puisse avoir des armes supplémentaires, plutôt que de continuer à l'indemniser passivement », a déclaré mercredi le ministre du Travail, Jacques Barrot, sur Europe 1. Depuis plusieurs mois, l'Unedic s'est orienté dans cette voie. Avec tout d'abord la mise en place des conventions de coopération qui permettent aux entreprises d'utiliser les allocations de chômage pour rémunérer des chômeurs embauchés. Avec surtout l'accord sur l'Arpe, le dispositif « préretraite contre embauche » que le gouvernement a décidé d'étendre dans le secteur public. Ce système permet aux salariés ayant cotisé 40 ans à la Sécurité sociale de partir en retraite à partir de 57 ans et demi, avec une allocation mensuelle que lui verse l'Unedic jusqu'à 60 ans. Ces deux logiques qui s'affrontent - développement de l'insertion ou meilleure indemnisation - seront d'autant plus au centre des débats lors du renouvellement de la convention Unedic à l'automne que deux syndicats briguent la présidence : FO et la CFDT. Delphine Girard
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