Juppé veut s'attaquer aux « privilèges fiscaux »

Maintenir le cap de la politique économique : tel a été le leitmotiv d'Alain Juppé, qui avait tenu à remettre sa stratégie en perspective, hier soir sur TF1. « A condition de ne pas changer, de se cramponner à cette politique, nous serons efficaces », a-t-il déclaré. L'heure est plus que jamais à la réduction des déficits par la maîtrise des dépenses. Il faut faire « la chasse aux gaspillages », a répété Alain Juppé. C'est à cette condition que les impôts pourront être réduits. Le Premier ministre a ainsi reitéré sa promesse de diminuer l'impôt sur le revenu dès l'an prochain. De combien ? Tout dépendra de l'évolution des dépenses, a-t-il expliqué. L'objectif reste de geler les crédits de 1997 au niveau de 1996, ce qui représenterait une rupture sans précédent avec la gestion des dépenses publiques au cours des années passées. Mais pas question de diminuer les impôts « de façon démagogique », en les « baissant précipitamment pour se faire plaisir alors qu'on n'est pas sûr d'en avoir les moyens ». Une allusion limpide aux prises de positions des balladuriens, qui réclament de fortes baisses d'impôt. Leur demande de diminution de la TVA est écartée : « une baisse de la TVA d'un demi-point, c'est le type même de mesure qui coûte cher et qui n'a aucune espèce d'efficacité ». Quant à cibler cette baisse sur certains secteurs (automobile), « Bruxelles n'en veut pas... » Alain Juppé se veut si peu démagogique qu'il a confirmé son intention de financer les baisses d'impôt par la suppression de certains avantages fiscaux, alors même que les députés UDF lui demandent de n'en rien faire. « Il faut corriger un cer- tain nombre d'inégalités, d'injustices ou de privilèges ». Ces remises en cause pourraient concerner no- tamment l'assurance vie, qui cumule les privilèges, a-t-il laissé entendre. Mais ces suppressions « d'avantages acquis », qu'elles visent la fiscalité ou les prestations versées aux ménages, devront épargner « les plus modestes », qu'il « faut protéger », a indiqué le Premier ministre. A cet égard, s'il ne s'engage pas à tripler l'allocation de rentrée scolaire, comme cela a été le cas ces trois dernières années, « il y aura à la rentrée une mesure permettant d'aider les familles modestes ». Maintenir le cap aussi sur la politique de lutte contre le chômage : le Premier ministre, s'il « comprend » l'inquiétude des Français, se refuse à sombrer dans le pessimisme. « Il ne faut pas laisser croire que la situation se dégrade, ce n'est pas exact », a -t-il affirmé en s'appuyant sur un chiffre : le nombre des licenciements économiques qui s'est élevé à 28.000 en mai 1996, contre 43.000 en mai 1993. En dépit de la cascade de plans sociaux annoncés en juin, le gouvernement s'oppose au rétablissement de l'autorisation administrative de licenciement, mesure que le Parti socialiste a inscrit à son programme pour les législatives de 1998. « Revenir à une rigidité supplémentaire, poser le principe qu'un licenciement est interdit, c'est dissuader toutes les petites et moyennes entreprises d'embaucher », a-t-il déclaré en soulignant que l'on obtiendrait « le résultat exactement inverse ». « On l'a vu par le passé : le chômage a doublé entre 1981 et 1986 », a-t-il poursuivi. Introduit en 1974 par le Premier ministre de l'époque Jacques Chirac, l'autorisation administrative de licenciement a été supprimée en 1986 par... Jacques Chirac, au début de la première cohabitation. Revenue à Matignon en 1988, la gauche ne l'a pas rétablie mais a renforcé en contrepartie le contrôle des juges sur les plans sociaux dans la loi Aubry votée en février 1993. En dépit des mauvais indices de ces dernières semaines, le Premier ministre a une nouvelle fois demandé aux Français de garder confiance dans la politique de l'emploi menée par le gouvernement. « Il faut juger la réforme sur la durée », a-t-il répété en réaffirmant sa volonté d'obtenir « une croissance plus riche en emplois » par quatre moyens : l'aide aux PME, notamment par l'allégement des charges, la réduction de la durée du tra- vail, le développement des emplois de proximité et l'amélioration de l'insertion professionnelle des jeunes. I. B. et D. G.
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