Barroso et Raffarin peinent à lever les malentendus

Pour ce premier dîner à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Pierre Raffarin ne venait pas en mauvais élève sommé de s'expliquer, comme aux temps de l'affaire Alstom ou au plus profond de la crise sur le Pacte de stabilité. Au contraire, le Premier ministre français venait chercher un certain apaisement de la part de José Manuel Barroso sur plusieurs questions sensibles. Les malentendus n'ont pas été totalement levés.Les récentes déclarations à La Tribune de la commissaire à la Politique régionale ont ainsi alimenté les discussions. Danuta Hübner a estimé qu'il fallait "faciliter les délocalisations au sein de l'Europe". "Il faut éviter ces mots qui peuvent faire peur et qui laissent à penser que les emplois sont volatils et non pas enracinés dans un territoire, a lancé Jean-Pierre Raffarin, à l'issue du dîner de travail. Ce qui compte c'est d'avoir une stratégie de l'Union européenne qui crée de la croissance et qui crée des emplois."José Manuel Barroso a pour sa part plutôt appuyé les propos de sa commissaire. Tout en se disant "très attaché au droit des travailleurs", il a souligné : "Nous ne contrôlons pas les entreprises comme si nous étions dans des économies planifiées. [Les délocalisations] sont des décisions que les entreprises peuvent et doivent prendre." Pour le président de la Commission, "la véritable menace, ce n'est pas la délocalisation entre l'Allemagne ou la France et [d'autres Etats] de l'UE actuelle". Selon lui, "si une entreprise doit se déplacer, je préfère que ce soit entre des pays de l'UE plutôt qu'en Chine".Promesses. Autre point de friction : la directive sur les services, dont la France a demandé la "remise à plat". Pour l'heure, Jean-Pierre Raffarin a dû se contenter des promesses de "réflexions approfondies" auxquelles s'est engagé José Manuel Barroso. "Nous sommes confiants, a expliqué Jean-Pierre Raffarin. Il ne s'agit pas là pour nous d'une simple mise au point, il s'agit d'un vrai dialogue de fond."Les discussions sur la révision de l'application du Pacte de stabilité ont semblé, du coup, les plus sereines du repas de travail. "Nous avons le souci, ensemble, que les critères de bonne gestion des finances publiques soient respectés, mais aussi que puissent être appréciés les cycles économiques ainsi qu'un certain nombre de dépenses du point de vue qualitatif, dès lors qu'elles servent l'intérêt général de l'Europe et la stratégie de Lisbonne", a rappelé Jean-Pierre Raffarin.Marc Paoloni et Grégoire Pinson, à Bruxelle
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