Sharon peine à faire adopter son budget

Plus que jamais, le budget constitue le talon d'Achille d'Ariel Sharon. Faute d'une majorité au Parlement, le Premier ministre israélien n'est toujours pas parvenu à faire adopter la loi des finances 2005. Il a, en revanche, réussi à faire passer à la Knesset et au gouvernement son plan d'évacuation pour cet été de la bande de Gaza et des 8.000 colons israéliens installés dans cette région. Mais pour que cette opération ait lieu, encore faut-il qu'il y ait un gouvernement. Or le temps presse. Si Ariel Sharon ne parvient pas à obtenir le feu vert pour le budget de la Knesset avant le 31 mars, son cabinet tombe automatiquement et des élections anticipées ont lieu dans les deux mois.Un tel scénario ne ferait pas l'affaire d'une économie israélienne en pleine reprise avec une croissance de 4,2 % l'an dernier. L'arrêt des violences proclamé au début du mois par Mahmoud Abbas, le dirigeant palestinien, et Ariel Sharon a également rassuré les investisseurs étrangers. Fitch, Standard & Poor's et Moody's ont relevé leurs appréciations. Mais le lobby des colons, l'extrême droite et une douzaine des quarante députés de l'aile dure du Likoud, le parti d'Ariel Sharon, sont bien décidés à faire capoter le plan de retrait de Gaza en prenant le budget en otage. Peu leur importe qu'une crise politique remette en cause l'embellie économique actuelle.Austérité. Le projet de budget mis au point par Benjamin Nétanyahou, le très libéral ministre des Finances, avait été en effet apprécié par les marchés. Il prévoit des coupes de 200 millions de dollars pour la Défense, mais aussi dans les budgets sociaux, notamment les allocations familiales, les pensions et les indemnités de chômage, ainsi qu'un régime d'austérité pour les fonctionnaires. Basé sur un taux de croissance de 3,4 %, le budget prévoyait de limiter le déficit à 3 %. Mais pour faire voter son budget, Ariel Sharon risque de devoir lâcher beaucoup de lest.Le parti ultraorthodoxe Shass, actuellement dans l'opposition, est prêt à lui venir à l'aide, en échange de l'annulation de toutes les mesures "antisociales", ce qui creuserait dangereusement le déficit. Pour compliquer la donne, Benjamin Nétanyahou se retrouve dans une situation propice à la schizophrénie : il reste hostile au retrait de Gaza tout en constatant combien le moindre espoir de paix dope l'économie de son pays.Pascal Lacorie, à Jérusalem
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