Buenos Aires harcèle les opérateurs de services publics

Nous appelons les organisations sociales, politiques, syndicales, culturelles et religieuses à manifester contre Aguas Argentinas, dont le contrat devrait être résilié." C'est sous cette bannière que Movimiento Barrios de Pie (MBP, Mouvement quartiers debout) a cherché à mobiliser des manifestants devant des locaux de la filiale de Suez, concessionnaire du services des eaux de Buenos Aires (10 millions de clients), le 22 mars. Le MBP fait partie de la galaxie "piquetera" : des mouvements qui affirment représenter des chômeurs et dont la principale forme d'action est le "piquete" (piquet), organisé pour bloquer la circulation. Nés de protestations d'ouvriers sans travail dans le nord du pays en 1996, reconnus comme organisations intermédiaires et gérant à ce titre d'importantes aides sociales, soupçonnés de clientélisme et peu représentatifs, les "piqueteros" sont des activistes aujourd'hui divisés en deux courants : les révolutionnaires, hostiles au gouvernement, et les progressistes, qui soutiennent le président Nestor Kirchner. Le MPB, qui se range parmi ces derniers, est d'ailleurs dirigé par... un fonctionnaire du ministère du Développement social.Durcissement. A l'image de ce qui s'était passé il y a quelques jours, lorsque d'autres "piqueteros" avaient suivi avec une inquiétante célérité l'appel au boycott de Shell lancé par Kirchner en personne, l'action contre Aguas semble annoncer un durcissement à l'égard des concessionnaires de services publics.Etrangers pour la plupart, ces opérateurs ont vu leurs tarifs bloqués après la dévaluation de janvier 2002, laquelle a également entraîné un profond déséquilibre financier, dans la mesure où ils étaient endettés en devises. Réclamant des ajustements tarifaires, beaucoup ont déposé des recours auprès du Cirdi (Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements), à Washington.Après avoir fait la sourde oreille pendant trois ans, le gouvernement a engagé des négociations. En posant ses conditions : augmentations limitées et n'affectant pas la majorité des abonnés résidentiels, engagements d'investissements éventuellement cogérés par l'Etat, retraits de plaintes. Un petit distributeur d'électricité américain, Gas Natural Ban, la filiale de l'espagnol Repsol YPF, en charge de la distribution de gaz dans la moitié de Buenos Aires, a accepté le marché. Exultant, Kirchner en a fait un exemple. Et accroît la pression sur Aguas, ou encore Edenor, filiale d'EDF.Jean-Louis Buchet, à Buenos Aire
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