L'Espagne détient un quart des billets de 500 euros

Quel est le pays de la zone euro qui compte le plus grand nombre de billets de 500 euros ? L'Allemagne, comme l'imaginaient au départ les architectes de l'Union monétaire ? Ou un pays du Nord à haut revenu per capita ? Non : l'Espagne, qui en thésaurise à elle seule près d'un quart : plus exactement 23,5 % des 307 millions de coupures de ce type qui circulent dans l'Euroland. C'est ce qu'explique le quotidien madrilène El País, citant des sources de la Banque d'Espagne. Une révélation inattendue qui semble catégoriquement démentir le surnom que les Espagnols donnent familièrement à de telles coupures : les "Binladen", car tout le monde en parle sans jamais les avoir vus.Ainsi, au moment de l'introduction de la monnaie unique en 2002, l'institut d'émission avait lancé sur le marché espagnol 12,7 millions de billets de 500 euros. Aujourd'hui, leur nombre atteint 72 millions. On compte dans le pays moins de billets de 5 euros que de "Binladen" ! Et le montant total de ces derniers atteint pas moins de 50,7 % de toute la masse monétaire en circulation."Argent noir". Une telle situation semble particulièrement surprenante dans un pays qui dispose d'un des plus denses réseaux d'agences bancaires et de distributeurs automatiques de billets d'Europe, ce qui rend d'autant moins impérative la nécessité de se déplacer avec une grande quantité d'argent de poche. D'ailleurs, en Espagne, hyper et supermarchés, petits commerces, magasins spécialisés, rejettent dans leur grande majorité les coupures de 200 et 500 euros.Leur succès est donc à attribuer à des motifs tout autres. Il met en fait en exergue, de nouveau, l'existence au sud des Pyrénées d'une énorme poche d'"argent noir" héritée de l'époque du franquisme, lorsque l'évasion fiscale constituait un sport national, et que la démocratie n'a jamais réussi à résorber. D'autant que divers éléments contribuent toujours à l'alimenter. Le poids de l'économie informelle, d'abord, que diverses études privées évaluent entre 20 % et 25 % du PIB hispanique. La persistance du boom immobilier, ensuite, un secteur dans lequel le décalage entre les sommes déclarées et celles effectivement versées est considérable. Mais aussi la présence croissante, notamment sur la Costa del Sol, des grandes mafias européennes liées aux trafics en tous genres, notamment celui de la drogue. Autant d'éléments qui expliquent que le succès des "Binladen" est loin d'être interprété par les autorités monétaires comme un signe de bonne santé financière !Th. M., à Madrid
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