Le commerce extérieur espagnol s'enfonce dans le marasme

Mois après mois, le commerce extérieur espagnol égrène ses mauvais résultats. Ceux rendus publics hier par la Banque d'Espagne ne font pas exception : en février, le déficit de la balance des transactions courantes a atteint 3,194 milliards d'euros, soit 65,3 % de plus qu'en février 2004. Maigre consolation : en janvier, le bond avait été plus spectaculaire encore : + 413,7 % !Conséquence : sur les deux premiers mois de 2005, le déficit des paiements courants s'est élevé à 7,349 milliards d'euros, soit 168,1 % de plus que durant la période janvier-février 2004.Principale coupable : la balance commerciale, dont le solde négatif a atteint, durant les deux premiers mois de cette année, 9,07 milliards d'euros, soit une hausse en rythme annuel de 49,8 %. Tandis que les exportations avancent lentement (+ 2,9 %), les importations, elles, s'emballent : + 12,8 % en janvier-février. Et le temps est loin où le tourisme compensait à lui seul cette brèche : son excédent se réduit régulièrement, puisqu'il a atteint 3,117 milliards d'euros en janvier-février 2005, soit une baisse de 4,3 %.Il s'agit là de l'accélération spectaculaire d'une tendance qui grève de plus en plus l'économie dans son ensemble : en 2004 déjà, l'Espagne avait enregistré le déficit commercial le plus lourd, en termes absolus, de la zone euro : 56,7 milliards d'euros, soit plus de 7 % de son PIB. Et son déficit des paiements courants a enlevé pas moins de 1,9 point à son taux de croissance, durant les quatre derniers trimestres.Du côté du gouvernement, on attribue ce déséquilibre au différentiel positif de croissance qu'enregistre le pays par rapport à ses grands partenaires commerciaux. On observe aussi qu'une grande partie des importations sont liées à des achats de biens d'équipement, et que la part de marché de l'Espagne dans le commerce mondial ne s'est pas réduite. Reste que ces chiffres n'en reflètent pas moins une perte croissante de compétitivité internationale, un revers d'autant plus notable que le gouvernement socialiste avait précisément fait de l'amélioration de cette variable l'axe de sa politique économique.L'inflation, il est vrai, ne facilite pas la tâche : elle a atteint en avril (après quatre hausses mensuelles consécutives) 3,5 % en rythme annuel, portant ainsi son différentiel avec la moyenne de la zone euro à près de 1,5 point. Ce qui ne fait, en réalité, qu'aggraver un problème plus large hérité du modèle de croissance du gouvernement conservateur : de 1998 à 2004, le PIB par salarié a augmenté de 5,4 % dans la zone euro, mais de 3,9 % seulement en Espagne.Face à cette situation, le ministre de l'Industrie, José Montilla, avait annoncé, le 6 avril dernier, un "plan de choc" incluant notamment l'encouragement aux ventes sur de nouveaux marchés tels que Maroc, Brésil, Chine et Mexique, un plus grand appui logistique aux entreprises exportatrices et de nouvelles lignes de crédit pour les ventes de produits de technologie avancée. Autant de mesures plutôt théoriques dont les effets, de toute évidence, restent encore à démontrer !Thierry Maliniak, à Madrid
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