Feu vert imminent à l'ouverture des négociations de l'UE avec la Turquie et la Croatie

L'horloge communautaire allait peut- être arrêtée à minuit pour permettre de sauver les apparence et d'entrouvrir officiellement la porte de l'Union européenne à la Turquie, comme prévu, le 3 octobre 2005. Dans la foulée, la seconde initiative n'étant pas tout à fait étrangère à la première, les Vingt-cinq devaient également, à Luxembourg, l'entrebâiller à la Croatie. Plus tôt dans l'après-midi, la procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, Carla del Ponte, les a assuré, en effet, que Zagreb, "depuis quelques semaine maintenant, coopérait pleinement" avec son institution. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union et le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gul, devait donc tenir dans la nuit de lundi à mardi la première conférence intergouvernementale de négociation, tandis que les Vingt-cinq devraient annoncer que toutes les conditions sont désormais réunies pour ouvrir des négociations semblables avec Zagreb.Si pour la Croatie, l'affaire aura été rapidement bouclée, il n'en aura vraiment pas été de même pour la Turquie. Ce ne sera qu'au terme de longues heures d'incertitudes, d'innombrables conciliabules autour du président du Conseil de l'Union, le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw et de son homologue autrichienne, Ursula Plassnik, de laborieux exercices de "clarifications" rédactionnelles et d'une ultime consultation de Vienne et d'Ankara que le verrou pourra être tiré sur la perspective d'une entrée de la Turquie dans le club européen. Il aura fallu au total, en effet, une rencontre informelle de Jack Straw et de Ursula Plassnik dimanche après-midi, suivie d'une réunion ministérielle, qui se termina à une heure avancée de la nuit, puis, hier, toute une journée de palabres et de coups de téléphone - Condolezza Rice aurait elle même était en contact avec le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et avec Jack Straw - pour que les Vingt-cinq parviennent finalement, en début de soirée, à un compromis sur le "cadre de négociation". Puis, vers minuit, à accueillir le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gul, qui a longuement patienté à Ankara avant de prendre l'avion pour le Grand Duché, pour lancer officiellement des négociations dont le seul objectif, malgré les pressions de Vienne, demeure l'adhésion.L'Autriche, face à un front de ses partenaires qui ne menaça jamais réellement de se lézarder, a fini , en effet, au fil des heures, par renoncer à faire mentionner explicitement ou implicitement qu'il pourrait y avoir une alternative à l'adhésion. Vienne n'a pas bénéficié du seul soutien possible, celui de Chypre. Nicosie fut tentée mais ses partenaires lui ont rappelé qu'elle avait déjà obtenu, le 21 septembre une "contre-déclaration" des Vingt-cinq affirmant que la reconnaissance de tous les Etats membres de l'Union est "une composante nécessaire du processus d'adhésion" et pressant Ankara de faire bénéficier Chypre sans discrimination des bénéfices de l'Union douanière euro-turque. Ce qui ne devait toutefois pas empêcher le chef de la diplomatie chypriote George Iacovou de créer la dernière incertitude en demandant des garanties sur la liberté de son pays de participer avec les autres Etats membres à toutes les politiques extérieures de l'Union. La tactique suivie par Jack Straw pour arracher un compromis n'apparut cependant pas toujours très habile, donnant trop souvent l'impression que le "cadre de négociation" se discutait à "vingt-six". Au grand dam de la délégation autrichienne qui n'entendait pas donner à croire à son opinion publique qu'elle avait cédé devant l'intransigeance et les menaces de la Turquie. Surtout que Recep Tayyip Erdogan, alors que les travaux européens piétinaient à Luxembourg, affirmait devant les députés de son parti que la Turquie "maintenait et maintiendrait sa position". Ajoutant que l'Union européenne avait "besoin de la Turquie au moins autant que la Turquie a besoin de l'Union ".La solution alambiquée qui devrait permette de sortir de l'impasse n'était pas encore clairement connue, hier soir, mais elle s'articulerait autour d'une "clarification" du mandat de négociation et d'une déclaration unilatérale de la présidence de l'Union sur l'article 5 de ce texte. La "clarification" devait expliciter une phrase introduite la semaine dernière à la demande de Paris et indiquant avertissant que, le moment venu, l'Union prendra en compte "sa capacité d'absorption" de la Turquie avant de lui ouvrir la porte définitivement. Quant à la "déclaration", elle devrait assurer Ankara que l'exigence qui lui est imposée "d'aligner progressivement sa politique vis-à-vis des pays tiers et des organisations internationales (y compris à propos de la participation de tous les Etats membres de l'Union à ces organisations et à leurs accords)" ne sera pas un moyen détourné de lui forcer la main pour lui faire reconnaître formellement l'Etat chypriote. Marc Paolo
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