Scepticisme sur la baisse des aides agricoles

Les réactions sceptiques se sont multipliées hier après les initiatives américaines et européennes pour réduire les aides agricoles dans le cadre des négociations commerciales du cycle de Doha. Mais les raisons de ces récriminations sont le plus souvent contradictoires. "Je ne crois pas que les négociateurs européens respectent le mandat qui leur a été confié", a tonné Rudolf Schwarzboeck. Le président du Comité des organisations professionnelles agricoles de l'Union européenne (UE) estime que le négociateur européen, Peter Mandelson, accorde trop de concessions dans le cadre de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). À l'inverse, le Brésil a jugé les initiatives européennes insuffisantes tandis que le Japon a rejeté les propositions des États-Unis, jugées excessives. Les initiatives américaine et européenne n'ont pas davantage trouvé grâce aux yeux d'Oxfam. L'ONG estime qu'en réalité Washington ne diminuerait pas ses soutiens aux agriculteurs, mais les augmenterait de "plus de 8 milliards de dollars" par un jeu de vases communicants entre aides autorisées et non autorisées.Conférence de décembre. À Zurich lundi, une quinzaine de membres de l'OMC avaient tenté de sortir Doha de l'impasse, à quelques semaines de la conférence ministérielle prévue à Hong Kong, en décembre. D'elle dépend la conclusion du cycle fin 2006. Rob Portman, le représentant américain au Commerce, a proposé la baisse des soutiens agricoles américains les plus préjudiciables à la concurrence de 60 % d'ici à 2010. De son côté, l'UE, qui dépense trois fois plus que les Américains en soutiens agricoles, a proposé une baisse allant jusqu'à 70 % de ses aides les plus anticoncurrentielles, alors que Washington exige 83 %. "Avec la réforme de la politique agricole commune déjà engagée, ils peuvent s'en approcher beaucoup sans rien faire du tout", a ironisé Portman. En matière de droits de douane, les Américains veulent dans un premier temps une réduction entre 55 % et 90 % pour les pays riches.Mais selon des économistes, les offres de baisse des droits ne s'appliqueront qu'aux taux plafonds déclarés auprès de l'OMC qui sont bien supérieurs aux droits réels. D'où leurs craintes que la libéralisation des échanges soit in fine trop partielle et ne profite pas aux pays les plus pauvres. Pour ceux-là, "il faudrait aller plus loin en abaissant davantage les tarifs douaniers et en rendant les marchés des pays riches plus accessibles", estime Bruno Henry de Frahan, professeur à Louvain.Laurent Chemineau
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