Tommaso Padoa-Schioppa, nouveau patron de l'économie italienne

Romano Prodi a présenté hier son cabinet, qui doit recevoir aujourd'hui la confiance du Sénat (lire ci-contre). Nommé ministre de l'Économie et des Finances, l'ancien banquier central Tommaso Padoa-Schioppa se trouve propulsé à l'avant-scène, à un moment difficile pour l'Italie. "Ce sera une expérience très nouvelle pour moi" car "j'ai été toute ma vie fonctionnaire public", explique-t-il, estimant que "le vrai changement" sera de passer de la fonction publique pour laquelle"la politique se place au-dessus" à "la sphère politique sans être un homme politique de profession". Padoa-Schioppa sera en effet un ministre de l'Économie"technique", à l'instar de son mentor à la Banque d'Italie, Carlo-Azeglio Ciampi, ministre du Trésor dans le premier cabinet Prodi (1996-1998).Le "Professore" Prodi entend rééditer avec Padoa-Schioppa son binôme réussi avec Ciampi pour la qualification de l'Italie à l'euro. Tout comme Ciampi, Padoa-Schioppa est "banquier central de profession". "J'ai oeuvré pendant près de trente ans à la Banque d'Italie et c'est ce que j'ai fait durant presque toute ma vie", expliquait Padoa-Schioppa en mai 1998, lors de son audition au Parlement européen pour devenir... l'un des six premiers membres du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort, où il restera jusqu'en mai 2005. Son voeu de "service public" se conjuguera très tôt à son engagement pour l'intégration européenne. Une conviction européenne liée à sa génération - il est né en 1940 - et à son parcours personnel. Originaire de Trieste, il a appris l'économie aux Etats-Unis.Son rôle de banquier central et son intérêt pour l'Union européenne (UE) se sont rejoints lorsqu'il fut nommé en 1979 directeur général à la Commission européenne pour les Affaires économiques et financières. Il continua ensuite à oeuvrer pour le Système monétaire européen (SME), durant la présidence de Jacques Delors, dont il a d'ailleurs hérité l'an dernier la direction de l'association Notre Europe. En 1984, il revint à la Banque d'Italie comme directeur général adjoint mais, neuf ans plus tard, les démocrates-chrétiens lui préférèrent le très catholique Antonio Fazio, au poste de gouverneur.Mais le nouveau ministre de l'Économie a peu à voir avec le gouverneur Fazio. Ce dernier, aujourd'hui placé sous enquête judiciaire, avait été contraint de démissionner de ses fonctions, à la suite de son rôle et de ses manoeuvres douteuses dans les fusions bancaires. Padoa-Schioppa est plus en phase avec le nouveau gouverneur, Mario Draghi, ce qui devrait l'aider dans sa difficile mission d'assainissement des finances publiques.Profil idéal. Autre atout qui fait de lui un homme clef des semaines à venir : son réseau européen et sa forte légitimité auprès des marchés financiers. C'est en tout cas le profil idéal, pour rassurer la communauté des investisseurs qu'inquiète le risque d'un décrochage italien. Avant d'ouvrir de prochaines négociations avec Bruxelles pour obtenir un délai dans la réduction du déficit public à moins de 3 % du PIB, il reste convaincu qu'"on ne gagne une négociation que si l'on trouve le moyen de donner quelque chose qui débloque les tractations". Son arrivée présage d'une politique de rigueur pour l'Italie de Prodi, mais étalée dans le temps.Frank Paul Weber, à MilanProdi présente un gouvernement proeuropéenSix semaines après sa victoire aux élections législatives, Romano Prodi a enfin annoncé hier la composition de son gouvernement, au terme d'âpres négociations. Le chef de l'Union de la gauche italienne a dû batailler jusqu'à la dernière minute pour éviter la rupture avec certains de ses alliés, confirmant ainsi la fragilité de la coalition. Composée de vingt-cinq ministres dont six femmes, la nouvelle équipe est très proeuropéenne, à l'image de celui qui fut président de la Commission, et surtout très politique, avec six chefs de parti à des postes importants. Romano Prodi a choisi Massimo D'Alema, président des Démocrates de gauche (ex-communistes), pour être vice-Premier ministre et chef de la diplomatie, tandis que Francesco Rutelli, chef de la Marguerite, sera vice-Premier ministre et responsable de la Culture. Le ministère de l'Économie et des Finances revient à Tommaso Padoa-Schioppa (voir ci-contre), l'Intérieur à Giuliano Amato, ancien chef du gouvernement italien, les Affaires européennes à Emma Bonino, ancienne commissaire européenne à l'Aide humanitaire d'urgence. La Défense, enfin, est confiée à Arturo Parisi, l'un des fidèles de Prodi. C. A.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.