Le Mercosur gagne en densité en s'élargissant au Venezuela

Le Marché commun du Sud, plus connu sous son acronyme Mercosur, compte désormais un nouveau membre, le Venezuela. C'est un événement, s'agissant du premier élargissement de ce bloc commercial depuis sa création en 1991 par l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay.L'adhésion a été formalisée hier à Caracas, au cours d'un sommet extraordinaire réunissant les présidents des cinq pays concernés, respectivement Hugo Chávez, Néstor Kirchner, Luis Inacio Lula da Silva, Nicanor Duarte Frutos et Tabaré Vázquez. Membre de plein droit, le Venezuela disposera néanmoins de quatre ans pour adopter le tarif extérieur commun du Mercosur, baisser les droits de douane pour les produits de ses partenaires, signer divers protocoles, etc.Si ce processus est mené à bien, il permettra l'établissement d'un marché commun de 250 millions d'habitants réunissant les trois plus importantes économies sud-américaines (dans l'ordre, Brésil, Argentine et Venezuela) et représentant 78 % du PIB de la région (54 % aujourd'hui).L'entrée du Venezuela marque également une avancée vers le nord d'un ensemble jusqu'ici cantonné à la partie australe de l'Amérique du Sud. Ainsi qu'une tentative de recentrer régionalement une économie tournée vers les Caraïbes et l'Amérique du Nord, notamment les États-Unis (destinataires de l'essentiel du pétrole vénézuélien). Elle offre également d'intéressantes perspectives en associant le plus grand producteur d'hydrocarbures de la région à un cône sud à l'équilibre énergétique précaire. Complémentarité renforcée par la faiblesse du Venezuela dans des secteurs industriels pour lesquels l'Argentine et le Brésil sont exportateurs.Enfin, l'explosion des cours du brut a doté le pays de Chávez de moyens financiers qui intéressent fortement ses voisins du Sud.L'élargissement aura certainement d'autres conséquences, plus politiques, dans la mesure où il modifiera les équilibres internes au Mercosur. De fait, en Uruguay comme au Paraguay, deux pays qui se plaignent des " diktats " du Brésil et de l'Argentine, on salue l'entrée du Venezuela, estimant que Buenos Aires et Brasilia ne feront plus la loi. Mais le nouveau rapport de forces n'est pas sans favoriser aussi l'Argentine, dont le poids relatif par rapport au Brésil a diminué depuis la dévaluation de janvier 2002. C'est sans doute pourquoi Lula a paru traîner les pieds au sujet de l'entrée du Venezuela. Alors que Kirchner, a contrario, a tout fait, en tant que président en exercice du Mercosur, pour que l'adhésion soit signée durant son mandat, qui s'achève le 21 juillet. Certains craignent cependant que la présence de Chávez n'entraîne une politisation du Mercosur, qui se traduirait par un antiaméricanisme primaire et une " radicalisation " à l'égard des investisseurs étrangers. Ce à quoi Kirchner répond que l'inclusion du Venezuela (et peut-être aussi de la Bolivie, qui vient de désigner une nouvelle Assemblée constituante) dans des ensembles régionaux ne peut qu'avoir des effets modérateurs. Réponse dans les prochains mois.
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