Pékin envisage d'imposer des syndicats aux entreprises étrangères

La Chine pourrait rendre obligatoire la création d'une représentation syndicale dans les entreprises étrangères. Mercredi, Wang Zhaoguo, membre de l'Assemblée nationale, du Politburo du Parti communiste et président de la Fédération des syndicats de Chine (ACFTU), a proposé en ce sens un amendement à la loi sur les syndicats.La législation oblige actuellement les entreprises étrangères à accepter la création d'un syndicat si une demande est faite en ce sens par des employés... Selon l'ACFTU, nombre d'entre elles feraient pourtant pression sur leurs salariés afin d'empêcher toute velléité de leur part. Alors que 30 % des groupes étrangers posséderaient aujourd'hui des syndicats, la confédération espère faire progresser ce chiffre à 60 % d'ici à la fin de l'année et à 80 % d'ici à la fin 2007.Selon la tradition de la propagande chinoise, les autorités ont déterminé un bouc émissaire pour justifier leurs aspirations au changement : le géant de la distribution Wal-Mart. Réputé dans le monde entier pour sa réticence à toute création syndicale, il endosse ainsi sans grande difficulté l'habit du méchant capitaliste sans âme que Pékin lui a attribué. " Nous avons poussé Wal-Mart à installer des cellules syndicales dans ses magasins il y a deux ans mais il n'en existe toujours pas une seule ", s'emporte Wang Zhaoguo. Pourtant, les autorités ne peuvent pas forcer outre mesure la main de l'américain : avec sa soixantaine de magasins, ses 30.000 salariés et ses 18 milliards de dollars d'achats réalisés en Chine, son poids économique est considérable.150 millions de syndiqués. De fait, quelle qu'en soit l'issue, il est vraisemblable que les salariés seront les seuls à ne pas sortir gagnants de cette partie de poker. Le président de l'ACFTU a beau s'indigner que " sans protection des employés par les syndicats, beaucoup d'entreprises étrangères ne garantissent que le niveau de salaire le plus faible aux travailleurs pour réaliser des économies ", sa confédération n'a jusqu'à ce jour jamais eu comme rôle d'aider les employés. Son efficacité est telle que, malgré les 150 millions de membres qu'elle revendique, les salariés préfèrent se retourner vers les tribunaux en cas de litige sérieux avec leurs employeurs que de faire appel à son aide. En fait, l'ACFTU désire simplement intégrer Wal-Mart et d'autres groupes étrangers dans ses rangs car les entreprises devront alors lui verser 2 % de leurs dépenses salariales.Pour mémoire, l'ACFTU est la seule confédération syndicale autorisée en Chine : la loi syndicale interdit aux travailleurs de s'organiser en dehors de son cadre et de former des syndicats indépendants, les contrevenants étant régulièrement envoyés en centre de réforme par le travail ou en centre de rééducation par le travail. Son unique et véritable attribution est de maintenir la paix sur le lieu de travail.En bons contremaîtres, les syndicats " inciteront les travailleurs à accomplir pleinement leurs tâches dans le cadre de la production ". Devant la recrudescence des mouvements de mécontentement dans les entreprises, Pékin a toutefois demandé à l'ACFTU de s'intéresser vraiment à la situation des travailleurs. Mais pour l'heure, Wal-Mart n'a pas grand-chose à craindre, tant la confédération syndicale chinoise semble incapable de jouer ce rôle.
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