Le G8 et la sécurité énergétique

La sécurité énergétique sera l'un des principaux sujets du prochain G8, le 17 juillet à Saint-Pétersbourg. À la question de l'interdépendance énergétique, il est temps de répondre par un engagement multilatéral. Pour quelques pays bénéficiant d'immenses réserves de gaz et de pétrole, l'utilisation des exportations d'énergie pour récompenser des amis et punir des ennemis peut sembler tentant. Mais sur le long terme, les embargos énergétiques se sont toujours révélés inutiles, voire contreproductifs. L'expérience nous enseigne donc que la transparence et la stabilité des prix vont dans le sens de l'intérêt commun. Poursuivre ces objectifs tout en encourageant le développement de marchés globaux est essentiel à une répartition équilibrée des capitaux, des investissements et de la croissance mondiale.Ainsi lorsque, il y a quelques mois à peine, la Russie a cherché à augmenter le prix de ses exportations de gaz en Ukraine, elle a argué du fait qu'il s'agissait simplement des prix du marché. Sa position a donc semblé juste. Malheureusement pour les voisins de la Russie, ce n'est pas le marché qui détermine les prix. C'est Gazprom et son président, Dimitri Medvedev, qui a également été membre du cabinet du président Poutine. Le tarif fixé par Gazprom pour chaque pays frontalier de la Russie est différent et dépend largement des relations entretenues avec le Kremlin. L'Ukraine a ainsi été menacée d'un quadruplement immédiat des prix du gaz ou d'une coupure immédiate, et cela en réponse à la toute jeune indépendance du pays après la Révolution orange. La Géorgie, sentant monter la colère de la Russie après la révolution rose, a dû faire face à des hausses de prix potentiellement aussi dommageables. Pendant ce temps, la République biélorusse, toujours parfaitement alignée sur Moscou, continue, elle, à bénéficier d'exportations de gaz largement subventionnées.Atténuer les chocs. Le gaz naturel est sans doute le plus vulnérable aux ruptures d'approvisionnement. Alors que le pétrole est relativement facile à commercialiser, les pipelines entre les puits et les raffineries conduisent les producteurs et les consommateurs à des relations quasi exclusives. De nombreuses solutions sont à l'étude : construction de nouvelles capacités de stockage de gaz, amélioration de leur efficacité, augmentation de la production domestique, énergies alternatives comme le gaz de charbon. Tous ces efforts atténueront les chocs et contribueront à renforcer l'autosuffisance. Il faut pourtant exiger plus : un marché alternatif de gaz naturel liquéfié est en train d'émerger. Les flux de ce produit vers l'Europe ont plus que doublé sur une décennie jusqu'à représenter un quart des flux transfrontaliers de gaz dans le monde.Normes de transparence. Il y a aujourd'hui plus de 50 propositions de terminaux de gaz liquéfié dans les seuls États-Unis. Le G8 devrait encourager le développement d'un marché sophistiqué du gaz naturel liquéfié car il s'agit d'un chemin de plus vers une sécurité énergétique plus stable, moins géocentrée. Les leaders du G8 peuvent également envisager d'appliquer aux accords et contrats énergétiques des normes de transparence et d'ouverture se rapprochant des meilleures pratiques du monde des affaires.En fournissant un modèle pour des standards énergétiques globaux, le G8 peut contribuer à développer des marchés en fournissant un cadre propice aux réformes et à la transparence dans les pays qui essayent de couper les ponts avec des décennies de corruption et d'inefficacité. Pour nous tous en Europe, la sécurité énergétique suppose de reconnaître que la nature de nos systèmes de fourniture et de transport d'énergie nous rend tous interdépendants.C'est justement là qu'une " alliance énergétique " des consommateurs et des fournisseurs peut être utile et permettre aux nations de l'Europe de contribuer à garantir l'approvisionnement énergétique des autres dans le cas d'une rupture majeure : une alliance pour une sécurité énergétique collective.La charte de l'énergie, qui met l'accent sur l'accès au marché et la transparence est un effort louable mais qui ne suffit pas lors des moments des crises. Nos marchés ne sont pas encore prêts à résister à de telles ruptures. Mais ce texte peut être un moyen intéressant pour promouvoir cette sécurité collective, à la condition toutefois qu'il soit renforcé et élargi.
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