Le patronat britannique plongé dans l'incertitude

Le Royaume-Uni ne cessera jamais d'étonner. Au pays où les syndicats sont les plus dociles d'Europe occidentale et où les partis politiques proclament tous leurs attitude pro-business, le patronat craint de se retrouver sans vrais amis. La transition politique, avec la passation des pouvoirs prévue entre Tony Blair et Gordon Brown d'ici à l'été 2007, inquiète la CBI (Confederation of British Industry), l'organisation qui regroupe les milieux d'affaires. Une inquiétude qu'amplifie la résurgence du Parti conservateur, dont le leader, David Cameron, n'hésite plus à critiquer le business pour se donner une image plus centriste.À peine intronisé, début janvier, le nouveau président de la CBI, Martin Broughton, aussi président de British Airways, a lancé un cri d'alarme : " La transition vers un nouveau Premier ministre et [l'activisme] d'un Parti conservateur revigoré, cherchant à s'imposer sur de nouveaux terrains politiques, vont créer de l'incertitude pour le business en 2007 ", a-t-il dit. Un avant-goût en avait d'ailleurs été donné à la dernière conférence annuelle du patronat, en novembre. Autant Tony Blair y a fait l'objet d'un accueil plus que chaleureux, autant la réception du chancelier Gordon Brown a été plus formelle. Quant à David Cameron, invité pour la première fois, il en est arrivé à poser un lapin à la dernière minute, évoquant la nécessité d'une visite aux troupes britanniques en Irak.STABILITE MACROECONOMIQUEÀ Gordon Brown, le patronat reconnaît le mérite d'avoir assuré la stabilité macroéconomique depuis 1997, mais lui reproche d'avoir accru la fiscalité et la bureaucratie. Sa tendance à vouloir gérer dans tous les détails les dossiers économiques a aussi tapé sur les nerfs de plus d'un patron. Comme le déclare l'un d'eux à La Tribune, " Gordon Brown risque aussi d'être plus dépendant de l'aile gauche du parti et des syndicats que Tony Blair ". Malgré sa volonté affichée de rester pleinement dans le sillon du " New Labour ", le chancelier doit donc encore s'imposer dans les coeurs des patrons.Certains redoutent aussi l'instabilité découlant d'une longue campagne électorale et d'une éventuelle défaite de Gordon Brown aux élections législatives de 2009 ou 2010. La perspective d'une succession de changements politiques en l'espace d'à peine deux ou trois ans, au moment où la globalisation appelle les gouvernants à des décisions à long terme, a de quoi perturber les milieux d'affaires.
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