Bush a dû rendre au Congrès son autorité en matière commerciale

Par latribune.fr  |   |  482  mots
George W. Bush entame sa traversée du désert. Dix-huit mois avant son départ de la Maison-Blanche, le président vient d'essuyer deux cuisants revers au Congrès : les parlementaires ont enterré son projet de réforme sur l'immigration et refusé de renouveler son autorité commerciale, deux de ses priorités après sa réélection de 2004. Créé en 1974, le " fast track " (voie rapide), ou " trade promotion authority " (TPA), permet au président de négocier des accords commerciaux que le Capitole a la possibilité de ratifier ou de rejeter, mais pas d'amender.Faute de progrès dans les négociations visant à conclure le cycle de Doha à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les parlementaires avaient prévenu qu'ils n'accorderaient pas d'extension ou de renouvellement du TPA à George W. Bush. L'échec de la réunion informelle de l'OMC à Postdam le 21 juin a balayé tout espoir pour la Maison-Blanche dont l'autorité commerciale a expiré le 30 juin.Le jour de cette fatidique " deadline ", l'administration est parvenue à conclure un accord de libre-échange avec la Corée du Sud (lire ci-dessous). Il s'agit du plus important traité bilatéral signé par Washington depuis l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain) liant États-Unis, Canada et Mexique depuis 1994. Mais le Congrès, dont de nombreux élus comptent défendre bec et ongles les intérêts de leur circonscription dans les secteurs automobile et agricole, risque de le rejeter. Un sort analogue attend le traité signé avec la Colombie, où les normes sociales et environnementales qu'exige le Capitole dans tout accord de libre-échange depuis mai ne sont pas garanties.La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a indiqué que la majorité démocrate semblait en revanche prête à ratifier les traités récemment signés avec le Pérou et le Panama. Avant cela, les démocrates exigent de ces pays qu'ils réforment leur droit du travail. Une délégation de parlementaires les visitera en août pour tenter d'obtenir gain de cause.DES VISIONS CONTRADICTOIRESLes experts sont partagés sur l'impact qu'aura l'expiration du TPA. Alors que les États-Unis ont entamé des négociations bilatérales avec huit pays dont la Thaïlande et l'Équateur, " certains craignent que leur gouvernement refuse de poursuivre des pourparlers " condamnés à l'échec, prévient Lee Hudson Teslik, du Council of Foreign Relations. Les plus cyniques notent que le cycle de Doha est de toute façon compromis et que même sous le TPA, le Congrès américain a obtenu de l'administration d'importantes révisions aux traités bilatéraux qu'elle avait négociées. Les optimistes rappellent que Bill Clinton, alors dépourvu du TPA, était parvenu à sceller un traité avec la Jordanie et que rien n'empêche George W. Bush et le prochain hôte de la Maison-Blanche de mener à bien des négociations commerciales.