Séoul paiera cher l'accord avec Washington

La bonne santé économique escomptée par la Corée en 2007 ne sera pas superflue. Le pays, dont la croissance devrait s'accélérer grâce aux exportations au cours du second semestre, selon le ministère des Finances coréen, va devoir faire face à des dépenses publiques accrues. L'accord de libre-échange (ALE) qui vient d'être signé entre Séoul et Washington samedi dernier, et doit encore être soumis aux Parlements des deux pays, pourrait rendre nécessaire une hausse de 130.000 milliards de wons (140,3 milliards de dollars) des dépenses gouvernementales d'ici à 2013.DEDOMMAGER LES FERMIERSMotif ? Il y a urgence à venir au secours des secteurs qui seront mis à mal par l'ALE. Cette somme servira majoritairement (85 %) à dédommager les fermiers coréens qui vont subir le choc de l'ouverture du secteur agricole à leurs concurrents subventionnés des États-Unis. Les agriculteurs coréens seront aidés à améliorer leur productivité là où cela sera possible et incités à s'orienter vers les cultures commercialement rentables. Mais il s'agit aussi de les encourager à quitter leur terre et à se recycler moyennant le versement de l'équivalent de trois ans de revenus. Le cas du boeuf est emblématique. Les négociateurs américains ont fait de l'ouverture de ce marché une condition pour signer l'ALE. Mais de leur côté, les opposants coréens n'ont cessé de dénoncer un accord qui brade la santé de la population sur l'autel du libre-échange en l'exposant à une viande américaine porteuse du prion. Autre secteur ménacé par l'ALE, la pharmacie, dans laquelle les États-Unis comptent quelques fleurons industriels. Le gouvernement coréen prévoit de lui consacrer 1.000 milliards de wons d'aides (environ 1 milliard de dollars) sur dix ans.Pour toutes ces raisons, l'accord suscite l'opposition des législateurs en Corée comme aux États-Unis. L'élection présidentielle coréenne est prévue en décembre. Et malgré les efforts de pédagogie de l'actuel président, Roh Moo Hyun, pour qui la survie de l'économie coréenne dépend de sa capacité à exporter, des manifestations ont eu lieu la semaine dernière. Aux États Unis, Hilary Clinton a pris la tête d'une croisade en faveur du secteur automobile américain, déjà en mauvaise posture, qui n'exporte qu'entre 5.000 et 6.000 voitures en Corée contre 100 fois plus pour l'industrie coréenne. Résultat, la libéralisation des échanges dans ce secteur traumatise les syndicats des deux pays.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.