La politique énergétique de Merkel inquiète les industriels allemands

L'Allemagne se cramponne à sa position isolée au sein du G8 sur la question du nucléaire. En même temps qu'Angela Merkel s'est fait le chantre de la protection du climat, avec le succès que l'on sait sur la scène politique internationale, le sommet national sur l'énergie tenu hier à Berlin n'a pas débouché sur un concept global de politique énergétique incluant un chapitre sur le nucléaire, source d'énergie très peu consommatrice de CO2.Devant une trentaine de participants dont les grands groupes d'énergie, la chancelière allemande a réitéré qu'il n'y aurait pas de dénonciation avant les élections de 2009 de l'accord de l'an 2000 sur la sortie future de l'énergie nucléaire d'ici à 2020. Un sujet tabou pour le parti social-démocrate, qui met l'accent sur l'essor des énergies renouvelables comme palliatif.DIMINUTION DE 40 % DES GAZS POLLUANTS D'ICI A 2020Le thème du nucléaire ne figurait du reste pas à l'ordre du jour hier. Il en aura été toutefois question " durant pas plus de 5 minutes ", rapporte un participant. Alors que cette source d'énergie contribuait encore en 2005, pour 26 %, à la production d'électricité en Allemagne. Lors des deux précédents sommets sur l'énergie, le ministre de l'Économie, Michael Glos (CSU), s'était fait ouvertement l'avocat d'un maintien du nucléaire dans le mix énergétique du futur. Il a cette fois tenu sa langue. " Merkel, Glos et le ministre de l'Environnement, Sigmar Gabriel, (SPD) se sont entendus pour ne pas en parler ", note un participant.Le président du groupe RWE, premier producteur d'électricité en Allemagne, estime que la priorité mise sur la protection du climat, en diminuant de 40 % les émissions de gaz polluants d'ici à 2020, n'est réalisable " que si la durée de vie des centrales nucléaires est prolongée ". Quant à Wulf Bernotat, président du groupe énergétique E.ON, il déplore l'absence d'un concept conciliant efficacité économique, protection du climat et sécurité des approvisionnements.Les grands fournisseurs d'énergie jugent en tout cas irréaliste le credo soutenu hier encore avec force par Angela Merkel d'un gain annuel d'efficience énergétique de 3 % par an d'ici à 2020. Cela passe par un catalogue de 67 mesures à mettre en oeuvre pour diminuer la consommation d'énergie, en mettant le plus à contribution le bâtiment et les transports. Un suivi précis sera réalisé à cet effet à compter de 2010.Les ministres de l'Environnement et de l'Économie doivent désormais élaborer un concept énergétique d'ici au séminaire gouvernemental prévu fin août. Il devra être adopté au plus tard en fin d'année, avant que commence la conférence de l'ONU à Bali sur la réduction des gaz à effet de serre.
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