Pour réussir une présidence, il faut surtout une culture européenne

De l'avis unanime des diplomates à Bruxelles, plusieurs conditions doivent être réunies pour qu'une présidence du Conseil de l'Union européenne marque l'Histoire. Au premier chef, un sujet important doit figurer à l'agenda de l'Union en vue de sa conclusion. Mais ce paramètre nécessaire n'est pas suffisant, comme l'Europe a pu le constater en décembre 2000 avec la finalisation d'un traité sous la précédente présidence française.Le traité adopté à Nice était si bancal qu'il a fallu prévoir sa révision dès sa conclusion. Ainsi s'est ouverte une longue période d'incertitude institutionnelle, agrémentée parfois de lourdes crises, notamment avec le rejet du projet de Constitution européenne par la France et les Pays-Bas. Finalement l'Allemagne a su, sans trop détricoter la Constitution, faire adopter un nouveau texte, que le Portugal a habilement fait signer à Lisbonne sans aucun nouveau débat. Après le traité de Rome, fondateur, après celui conclu à Maastricht qui lança l'euro, pour l'heure la seule politique fédérale de l'Union, l'histoire retiendra sans doute le traité de Lisbonne comme un nouveau succès européen, celui qui aura permis d'absorber le grand élargissement de l'Union en mai 2004. Et l'Europe remerciera l'Allemagne qui, comme pour l'euro, a été le maître d'oeuvre dans l'antichambre...Bref, admettent les diplomates à Bruxelles, il faut avant tout avoir une culture européenne pour réussir une présidence européenne. Comme c'est le cas quand le Luxembourg, pourtant si petit pays, préside aux destinées de l'Union. Ce qui explique aussi, par contraste, les parenthèses vides de sens européen quand c'est la Grande-Bretagne qui se trouve aux commandes, même si, du point de vue factuel, un dossier important est conclu sous sa présidence comme ce fut le cas pour le budget pluriannuel en décembre 2005. En l'occurrence, Tony Blair a engrangé le formidable travail accompli par son prédécesseur, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.Au cours du second semestre 2008, la France ne trouvera aucun dossier lourd sur la table du Conseil à moins d'un bouleversement international soudain. Elle aura à gérer cependant deux dossiers qui lui sont chers : le bilan de santé de la politique agricole commune et la réforme des taux réduits de la TVA. Mais, comme elle y a des intérêts particuliers, il lui sera difficile d'être juge et partie.AMBITION A DOUBLE TRANCHANTQuant à son ambition de lancer une nouvelle Union pour la Méditerranée, elle est à double tranchant. Soit la France voudra mettre en oeuvre les promesses électorales de Nicolas Sarkozy, et ce sera un échec car l'on ne construit pas l'Europe seul et les réticences sur ce projet, notamment allemandes, sont nombreuses. Soit il s'agira d'un " enrichissement " de ce qui existe déjà comme politique européenne pour la Méditerranée, et ce sera une réunion de plus qui ne marquera pas l'histoire de l'Europe.
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