Malgré la hausse du brut, la situation économique se détériore au Venezuela

Après la " révolution bolivarienne ", le " bolivar fort ". Depuis le 1er janvier, les Vénézuéliens paient 100 bolivars ce qui en valait 100.000 auparavant. Évidemment, il ne s'agit que de la suppression de trois zéros, afin de faciliter les calculs pour les citoyens. La monnaie elle-même reste liée au dollar, au même cours, soit 2,15 bolivars (au lieu de 2.150) pour 1 dollar, comme elle l'est depuis 2003. Officiellement en tout cas. Car, sur le marché parallèle, le taux de change du bolivar est trois fois moindre... Un signe qui ne trompe pas les économistes. Comme Juan Pablo Fuentes, chez Economy.com : " Historiquement, quand le taux de change sur le marché noir est le double du taux officiel, ce qui s'ensuit, c'est une dévaluation de la monnaie. " Pour ajouter : " Sur les trente dernières années, la majorité des récessions au Venezuela ont débuté par une forte dévaluation "...La situation n'est peut-être pas aussi catastrophique que cet expert la dépeint, mais il est clair qu'elle est plus grave que ne veut le faire croire le président Hugo Chavez. Si la valeur de la monnaie n'altère pas le pouvoir d'achat, " cette manoeuvre n'améliore en rien l'inflation ", déclarait un économiste dans le quotidien vénézuélien El Tiempo. À plus de 20 % par an actuellement, la hausse des prix est largement au-dessus de l'objectif (de 9 % à 12 %) poursuivi par les autorités. Surtout, elle est l'emblème des limites du système mis en place par Hugo Chavez pour alléger la pauvreté, ou en tout cas acheter la paix sociale.RECUL DE LA PRODUCTIONLa " révolution bolivarienne ", toujours en marche, selon el presidente, s'appuie sur la manne pétrolière. Les revenus de l'or noir ont quasiment doublé entre 2000 et 2007, pour atteindre plus de 40 milliards de dollars l'an dernier. Si, en augmentant les allocations aux pauvres et en subventionnant directement les denrées alimentaires, voire en les distribuant dans les quartiers les plus déshérités dans des supermarchés ouverts à cet effet, cette politique a permis de faire baisser la pauvreté (passée de 48,3 % de la population en 2000 à 43,70 % en 2005), le recul de la production nationale, associé à l'encadrement des prix et à la corruption de plus en plus grande, a donné lieu à une situation de rareté. Et donc de hausse des prix.Une situation qui explique aussi en partie la défaite d'Hugo Chavez - sa première en neuf ans de pouvoir - lors du référendum du 2 décembre dernier sur une réforme constitutionnelle lui donnant plus de pouvoirs pour ériger un État " bolivarien ", autrement dit socialiste, et surtout, celui de se représenter indéfiniment devant les électeurs... Des électeurs qui sont restés chez eux (le taux d'abstention a dépassé les 44 %), fatigués du radicalisme grandissant de leur président et des avancées économiques en trompe-l'oeil.L'avenir ne s'annonce pas particulièrement réjouissant pour Hugo Chavez. Alors que les revenus pétroliers constituent la moitié du budget de l'État, le manque d'investissements, de la part de la société nationale PVDSA, réduit déjà la production. De quoi peser sur l'économie dans son ensemble. Cela a d'ailleurs déjà été le cas en 2007. La croissance du PIB n'a été que de 8,4 % en 2007, sa plus faible progression en quatre ans. En 2006, elle avait été de 11,3 %.
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