Une opportunité pour les énergies renouvelables... et aussi pour le charbon

Lors du Grenelle de l'environnement, fin octobre, les écologistes ont réclamé, sans l'obtenir, la création d'une taxe carbone qui renchérirait régulièrement le coût des carburants d'origine fossile. Seule politique, selon eux, susceptible de préparer les sociétés à rompre avec le tout-pétrole et les contraindre à inventer de nouvelles formes d'exploitation et d'utilisation des énergies. Le marché pétrolier et ses fièvres récurrentes sont en train de leur donner satisfaction et de faire ce que Nicolas Sarkozy a refusé de décider : épousant les hausses de prix du baril de brut, les carburants n'ont cessé d'augmenter depuis 2002. Or, si ces flambées ont un impact certain sur le pouvoir d'achat et contribuent à fragiliser de nombreux secteurs professionnels (transporteurs routiers, maritimes, aériens, pêcheurs, taxis...), elles sont également une chance pour d'autres. En premier lieu les pétroliers qui engrangent des profits record. Mais aussi sur les États sur qui la pression pétrolière s'accentue et les pousse à agir. La question pétrolière était largement sous-jacente lors de la récente conférence internationale de Bali sur le climat.Des circonstances favorables pour les énergies renouvelablesLa hausse des prix pétroliers améliore la rentabilité des énergies renouvelables. La production de kWh éoliens, photovoltaïques ou d'un litre de biocarburant, de trois à cinq fois plus coûteuse avec un pétrole à bas coût, devient nettement plus intéressante avec un baril flirtant avec les 100 dollars. Or le développement des énergies propres est générateur d'emplois. Selon une étude de la Commission européenne, quelque 1,6 million d'emplois pourraient être créés d'ici à 2010 en Europe dans ce secteur. Rien que pour la France, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) chiffre autour de 75.000 le gisement d'emplois de la filière dans les trois années à venir.La relance de la chasse au gaspiLe renchérissement des hydrocarbures et leur rareté prévisible et annoncée, conjugués à la volonté de lutter contre le réchauffement climatique, relancent la bonne vieille " chasse au gaspi ", inventée après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 : les constructeurs automobiles sont incités à fabriquer des véhicules peu gourmands ; l'Europe vient d'édicter des normes de construction destinées à réduire la consommation thermique des bâtiments ; les industriels et les producteurs d'énergie sont soumis à des quotas d'émissions qu'ils ne peuvent dépasser qu'en payant.Le nucléaire comme alternativeL'énergie issue de la fission atomique ne représente aujourd'hui " que " 6,5 % de la production d'énergie primaire dans le monde. Si le nucléaire n'est aucunement une source d'énergie renouvelable - selon les différentes expertises, les réserves en uranium s'épuiseraient d'ici 80 ans pour les plus pessimistes, 200 ans pour les plus optimistes - ni exempt de danger par les déchets qu'il produit, il reste cependant une alternative pour de nombreux gouvernements confrontés aux flambées pétrolières. Car, outre le fait qu'elles fonctionnent sans pétrole, les centrales nucléaires ont un gros avantage : elles ne rejettent en effet aucun gaz à effet de serre. Très coûteuses, elles sont cependant réservées aux pays riches, ce qui ne permet pas de régler la question des nations en voie de développement qui n'ont les moyens ni de les acheter, ni de les entretenir.Le retour du charbonA priori, la crise du pétrole est bénéfique pour l'environnement. Le pétrole est aujourd'hui la première source d'énergie mondiale, fournissant 34,3 % de celle-ci. Sa moindre utilisation est gage de réduction des émissions polluantes. Mais c'est sans compter avec la demande énergétique mondiale sans cesse croissante qui demande des réponses rapides et efficaces. D'où le grand danger, sur le plan environnemental, du retour du charbon. Cette énergie, la plus néfaste en termes d'émissions de gaz carbonique (CO2), reste très présente, fournissant 25,1 % de l'énergie primaire. Avec des réserves mondiales de charbon considérables estimées pour au moins 150 ans, la houille, dont l'utilisation est en progression régulière depuis 1980 et dont les coûts d'exploitation sont, parmi les ressources fossiles, les plus bas, pourrait bien devenir la ressource énergétique du XXIe siècle.
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