Bockel en appelle à Sarkozy pour tourner la page de la Françafrique

La rupture se fait attendre sur le front de la politique africaine. Alors que l'Élysée prépare une nouvelle tournée de Nicolas Sarkozy sur le continent africain fin février, le secrétaire d'État à la Coopération en a publiquement pris acte lors de la présentation de ses voeux hier à la presse. " Aujourd'hui devant vous, je veux signer l'acte de décès de la Françafrique, a-t-il lancé. Je veux tourner la page des pratiques d'un autre temps, d'un mode de relations ambigu et complaisant. " Conscient que ces choses se décident aussi et surtout à l'Élysée, le ministre d'ouverture en appelle directement à Nicolas Sarkozy. " Je compte sur le soutien du président de la République pour tenir les engagements qu'il a lui même pris. "Les promesses de rupture de Nicolas Sarkozy peinent en effet à trouver leur traduction en actes concrets. Le président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), Anthony Bouthelier, préfère parler " d'inflexion " . Les contacts entretenus avec le conseiller pour l'Afrique de l'Élysée, Bruno Joubert, ou avec Jean-Marie Bockel donnent l'impression qu'il y a désormais une certaine " envie " de dénoncer les régimes qui gèrent " mal leur pays " . Mais il est encore trop tôt pour parler de vraie rupture. Prenant exemple sur la secrétaire déléguée au Droits de l'homme, Rama Yade, qui avait vivement critiqué la venue du président lybien, Mouamar Kadhafi, en France, le secrétaire d'État à la Coopération, Jean-Marie Bockel, a condamné le soutien aveugle de la France à certains régimes corrompus.GENEREUSE ANNULATION DE DETTEL'un des premiers freins au développement, a expliqué le maire socialiste de Mulhouse, " c'est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des fonds publics, l'incurie de structures administratives défaillantes,la prédation de certains dirigeants ". Jean-Marie Bockel, qui a visité plus d'une dizaine de pays africains depuis son arrivée rue Monsieur, veut " renforcer laconditionnalité de l'aide " afin de " ne pas faire de l'aide une prime à la mauvaise gouvernance ".Sera-t-il suivi par l'Élysée ? Le soir de son élection, Nicolas Sarkozy avait appelé le président gabonai, Omar Bongo, pour le remercier de ses " conseils ". Avant de lui accorder quelques mois plus tard une généreuse - plus importante que ne le recommandait le Trésor français - annulation de dette.Harcèlement fiscal à la mode africaineEn matière de harcèlement fiscal, l'Afrique francophone fait la course en tête, selon un sondage réalisé par le Cian. Le Mali,la Côte d'Ivoire, le Cameroun,le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa et la République centrafricaine sont considérés, avec la Tanzanie, comme les pays où les contrôles sont " complètement démentiels ". Contre toute attente, ils sont considérés comme normaux en Angola, au Nigeria, au Zimbabwe ou au Gabon.
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