Paris exige l'équité sur la réduction des émissions polluantes

Sans même attendre que la Commission adopte officiellement ses propositions sur la lutte contre la détérioration du climat, le débat est lancé sur l'ampleur des efforts que chaque pays européen devra consentir d'ici à 2020 pour réduire globalement de 20 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'Union.Nicolas Sarkozy a sans doute donné le coup d'envoi de ce débat, en adressant, le 11 janvier, une lettre au président de la Commission, José Manuel Barroso. Il y affirme que " la promotion d'un bouquet énergétique peu carboné reste une priorité pour la France ", mais ajoute qu'il faut opérer " sans pénaliser inutilement les perspectives de croissance ". Pour ce faire, souligne-t-il, " il me semble indispensable de se donner l'objectif d'une convergence progressive vers un même volume d'émission de dioxyde de carbone par habitant dans tous les pays de l'Union ". La France " émettant par habitant aujourd'hui 25 % de gaz à effet de serre de moins que la moyenne européenne " (grâce à l'énergie nucléaire), le président français souhaite donc que l'effort varie par pays selon le niveau de départ. " Sans préjuger ", est-il ajouté, " des mécanismes de solidarité entre États. "Le chef de l'État fait là allusion au projet que la Commission devrait adopter le 23 janvier et qui part du principe que la réduction des émissions de GES devra se faire " en application du principe de solidarité ". Autrement dit, en fonction des produits intérieurs bruts respectifs. Aucun chiffre n'a encore vraiment circulé, mais le dispositif permettrait aux pays les moins riches d'augmenter de manière limitée leurs émissions par rapport à 2005, alors que les pays plus riches devraient impérativement les réduire. Aucun pays, cependant, ne devrait être obligé de ramener ses émissions en 2020 à plus de 20 % sous le niveau de 2005.Le débat porte aussi sur la dimension extérieure de ce dispositif. Sans généralisation mondiale de cette stratégie, fait valoir Nicolas Sarkozy, " les contraintes européennes pousseront l'industrie à se relocaliser dans les pays à régime environnemental moins contraint : les émissions mondiales ne diminueront pas et les emplois correspondants disparaîtront d'Europe ". Il sera donc nécessaire, d'introduire " un mécanisme de compensation aux frontières à l'égard des importations [de ces] pays, qu'il prenne la forme d'un ajustement fiscal ou d'achats obligés de quotas par les importateurs ".UN DEBAT PREMATURELa Commission n'a pas réagi, mais ses experts expliquent qu'il n'y a pas, de divergences avec Paris. Même si le recours à une " taxe carbone " n'est pas jugé le plus adéquat. Le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, John Monks, a pourtant estimé, le 15 janvier, que ce serait le seul moyen " de demander des efforts importants aux entreprises européennes, tout en maintenant l'industrie lourde et les emplois en Europe ". Les experts bruxellois soulignent surtout que le débat est prématuré, car le système européen n'entrera pas en vigueur avant quelques années et qu'il sera temps, alors, d'apprécier l'engagement des autres grands pays " pollueurs " de la planète.
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