Les ministres européens des Finances cherchent à déjouer la crise financière

Pas question, pour l'Europe, d'arriver les mains vides au prochain G7, qui se tiendra le 9 février à Tokyo - sous le signe de la crise financière. Une crise qui sévit sur les marchés depuis cet été, au point de menacer la croissance. Si le phénomène, parti des États-Unis, a fini par contaminer, à des degrés divers, les économies de tous les pays industrialisés, l'Union entend se distinguer au G7, et faire, en son nom propre, des propositions visant à éviter que la crise actuelle ne se reproduise. Les ministres des Finances des quatre pays européens membres du G7 : France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni, se sont donc retrouvés hier à Paris pour tenter de mettre sur pied une stratégie commune. Cette réunion sera suivie, le 29 janvier à Londres, d'une rencontre au niveau des chefs d'État et de gouvernement.Pour l'heure, les mesures sur lesquelles se sont mis d'accord les quatre ministres et qui seront répercutées auprès des chefs d'État visent notamment une transparence supplémentaire sur les produits financiers structurés. Ces produits, contenant des prêts à risques et qui n'ont pas été remboursés, sont en effet montrés du doigt. Dans la même veine, les ministres veulent aussi encourager plus de transparence de la part des institutions financières. " Elles doivent en dire le plus possible et le plus souvent possible ", a ainsi déclaré Alistair Darling, le chancelier de l'Échiquier. Les banques doivent aussi mieux gérer leur risque de liquidité. Un risque qui a entraîné les banques centrales, dont la BCE, à injecter des milliards d'euros dans le marché ces dernières semaines. En outre, les superviseurs doivent jouer leur rôle en matière de plus grande exigence de transparence, le tout pour améliorer le niveau de confiance des opérateurs sur les marchés, surtout quand ils connaissent un grand stress. Enfin, les agences de notation, elles aussi montrées du doigt, doivent être encouragées à améliorer le contenu de l'information en matière de notation. Si tous les ministres sont tombés d'accord sur ce point, et sur le fait que les agences ont joué un rôle dans la crise, les avis divergent quand il s'agit de les " punir " pour les risques qu'elles ont pu faire courir aux banques. Le ministre italien estime qu'elles " participent aux tensions actuelles ", tandis que le chancelier de l'Échiquier ne veut pas exonérer les banques de leurs responsabilités.Bref, si les ministres estiment que les marchés financiers européens ont connu une forte intégration ces dernières années, et qu'à ce titre l'Europe doit faire preuve de cohésion, ils attendent aussi beaucoup de la réunion du G7 et du rapport que rendra, en avril, le Forum de stabilité financière. Ce dernier planche sur un système d'alerte et d'anticipation en matière de crises financières, comme celle que connaissent actuellement les grands pays développés.RENFORCER LA COORDINATIONReste à savoir ensuite comment les choses se concrétiseront. En décembre dernier, les ministres des Finances de l'Union s'étaient mis d'accord sur l'idée de renforcer la coordination entre les organismes nationaux de surveillance financière. Mais si le ministre italien des Finances avançait la mise en place de règles uniques pour toutes les institutions financières des pays de l'Union, le tout assorti d'une surveillance plus intégrée, l'Allemagne, soucieuse de sa souveraineté, a refusé d'adhérer à un tel schéma, de même que Londres, au nom de l'autorégulation.La crise en tout cas, n'est pas terminée. Et si les pertes s'élèvent pour l'instant à 50 milliards de dollars, les estimations totales vont de 300 à 600 milliards de dollars.
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