La France peine à vendre ses armes à Delhi

L'Inde n'est pas pour le moment l'eldorado attendu par les industriels français. " Trop réactifs, pas assez proactifs ", estime le patron de l'industrie aéronautique et spatiale indienne, le Dr Krishnadas Nair. À l'exception du contrat des sous-marins Scorpène signé en 2005 (1 milliard d'euros pour DCNS et Thales), certains sont allés de désillusion en désillusion, alors qu'ils offraient des transferts technologiques importants. Ce qu'exige pourtant Delhi, qui a profité de la visite de Nicolas Sarkozy pour rappeler ce principe.Pour les industriels français, ce n'est pas forcément un gage de succès. Eurocopter a été récemment recalé par Delhi, qui aurait été influencé par les Américains puis les Russes. L'Inde avait choisi le leader mondial des hélicoptères pour des négociations exclusives sur la vente de 197 appareils, dont la majorité aurait été fabriquée sur place. Le ministère de la Défense pourrait lancer avant cet été un nouvel appel d'offres international, qui remettra en jeu Russes et Américains (Bell). Il pourrait notifier une première tranche de 300 à 350 appareils pour l'armée de l'air et l'armée de terre pour un montant estimé de 750 millions à 1 milliard d'euros. EADS, dont la proposition de sa filiale au niveau industriel et commercial est connue de ses concurrents, hésite à répondre à ce nouvel appel d'offres. Dassault Aviation avait été aussi victime en 2004 d'un revirement du gouvernement indien. Alors qu'il négociait avec Delhi de gré à gré depuis trois ans la vente de 126 Mirage 2000-5 fabriqués en Inde, le ministère de la Défense avait préféré in fine lancer un appel d'offres international. Après avoir longuement hésité, Dassault proposera le Rafale pour un contrat de 10 milliards de dollars. Delhi demande entre autres aux compétiteurs 50 % de retours industriels en Inde du montant du contrat.NEGOCIATIONS EXCLUSIVESSi la visite de Nicolas Sarkozy n'a pu relancer l'offre d'Eurocopter en dépit de pressions de Paris, elle a permis d'accélérer un contrat de modernisation de 51 Mirage 2000 indiens, estimé à 2 milliards d'euros, qui faisait du surplace depuis des mois. Les Indiens ont promis d'entrer en négociations exclusives avec Thales, maître d'oeuvre du projet, et Dassault Aviation, qui pourraient se partager 1,2 milliard d'euros. Ils seront notamment associés au groupe aéronautique indien HAL (600 millions) et au missilier MBDA (400 millions), qui propose le missile air-air Mica, alors que Safran tenterait d'inclure dans l'offre la bombe AASM (lire aussi page 8).
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