L'industrie allemande en plein dilemme

En 2007, la productivité horaire moyenne a progressé modestement de 0,8 % en Allemagne, selon Destatis. Ce n'est pas un phénomène passager. Pour Stefan Kooths, économiste à l'institut DIW, " les gains annuels de productivité sur la décennie devraient se situer entre 1 % et 1,5 %, au lieu de 2 % dans les années 1990 ". La baisse de la productivité est somme toute logique, selon Norbert Walter, chef économiste à la Deutsche Bank, qui y voit le succès des réformes Hartz sur le marché du travail. Ces réformes ont permis d'intégrer " des personnes avec un niveau faible de productivité sur le marché du travail ", souligne l'économiste. L'économie allemande doit par ailleurs maintenir sa compétitivité malgré l'euro fort et la concurrence de pays à bas salaires entrés dans l'UE. " De fortes hausses salariales déboucheront dans les secteurs exposés à des fermetures d'usine comme celle de Nokia à Bochum [Ruhr] ", prévient Norbert Walter.Le problème pour la première économie d'Europe est d'avoir à gérer dans le même temps une vague de revendications salariales en nette hausse, celles-ci étant dopées par la conjoncture robuste et le regain d'inflation. Les marges de manoeuvre sont certes inégales selon les secteurs. Depuis 2000, la productivité horaire s'est envolée de 29 % dans l'industrie, le bâtiment affichant de son côté un maigre gain de 6 %, contre 16 % dans l'ensemble commerce-gastronomie-transport. Un recul est observé (- 0,5 %) dans les services publics et privés et dans la finance et les services aux entreprises (- 3 %). Toujours dans l'industrie, la hausse de la productivité horaire a atteint 4,5 % en 2007, poussée par un fort courant d'exportations et d'investissements. En ajoutant un taux d'inflation de 2,3 %, le résultat donne une hausse potentielle des salaires de 7 % revendiquée par les syndicats. C'est bien ce qu'IG BCE réclame aujourd'hui dans la chimie, IG Metall exigeant de son côté 8 % dans la sidérurgie.Ce niveau de revendication est-il adapté à la persistance d'un chômage de masse ? Non, répond l'économiste de WestLB Jörg Lüschow : " L'addition des taux de progression de productivité et d'inflation comme base de revendication salariale est pertinente en période de plein-emploi. Elle n'est pas adaptée aujourd'hui sauf dans les branches en pénurie de main-d'oeuvre. "
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