Le G7 peine à se coordonner pour contrer la crise financière

Rarement la nécessité de coordonner l'action des grandes économies de la planète n'a semblé aussi nécessaire. Les ministres des Finances et les gouverneurs de banque centrale des sept pays les plus industrialisés (États-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie) qui se réunissent demain à Tokyo dans le cadre du G7 font face à une situation particulièrement incertaine. Partie des États-Unis, la crise des subprimes fait tanguer le système bancaire européen et menace de tout emporter sur son passage si l'un des deux rehausseurs de crédit américain venait à défaillir. La crainte d'une récession américaine pourrait alors se transformer en dépression.Les efforts engagés pour apporter une réponse commune à la crise américaine ont jusqu'ici porté peu de fruits. Les appels du Fonds monétaire international (FMI) et de Washington à un soutien budgétaire de la croissance mondiale ont reçu un accueil glacé. Pour ajouter à la confusion, la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale semblent avoir adopté une lecture diamétralement opposée de la crise. Enfin, les Européens dénoncent ouvertement l'unilatéralisme de Washington dont l'hyperactivisme monétaire et budgétaire serait en partie responsable de la chute du dollar. " Ce qui vient de se passer n'est pas un grand succès du G7, regrette-t-on à Paris. Les États-Unis ont agi seuls, sans concertation, dans la précipitation et sanstenir compte des conséquencesmondiales. "Faute d'apporter une réponse coordonnée aux turbulences actuelles, les grands argentiers pourraient en revanche s'entendre sur les mesures nécessaires pour prévenir de nouvelles crises financières. Le sommet de Londres, qui a réuni le 29 janvier dernier les chefs d'État et de gouvernement britannique, français, allemand et italien ainsi que le président de la Commission européenne, permet aux membres européens du G7 d'arriver à Tokyo avec une position commune forte.LA " TITRISATION ", THEME CENTRAL DU G7 POUR L'EUROPEVu d'Europe, le thème central de ce G7 est celui de la " titrisation ". L'économie mondiale est passée d'un modèle de financement intermédié - bancaire - à un système désintermédié - via les marchés. La crise des subprimes a montré que ce système présente des failles qu'il convient de combler. Mais sur ce front aussi des divergences se font jour de part et d'autre de l'Atlantique. La crise des subprimes tient notamment au fait qu'une grande partie des crédits a été distribuée par des établissements non bancaires. S'il semble évident côté européen que tous les distributeurs de crédits doivent être sous surveillance, le débat se poursuit aux États-Unis.La réforme des agences de notation (Standard and Poor's, Moody's et Fitch), accusées de ne pas avoir vu venir la crise des subprimes, est également au menu des discussions. Devançant le G7, Standard and Poor's vient d'annoncer une réforme de son fonctionnement destinée à éviter les conflits d'intérêts. Les Européens souhaitent également que le comité de Bâle - chargé de la réglementation prudentielle des banques - se préoccupe autant des problèmes de liquidité - au coeur de la crise actuelle - que des problèmes de solvabilité. Les normes édictées par le comité ne portent que sur la solvabilité des banques. Un renforcement du mandat du Forum de stabilité financière (FSF) créé par le G7 en 1999 est aussi à l'ordre du jour.Un fonds climatique ?Selon le ministère japonais des Finances, Japon, Royaume-Uni et États-Unis vont formuler au G7 finances de Tokyo des propositions concernant la création d'un fonds spécial pour promouvoir les technologies propres. Ce fonds multilatéral abondé initialement par les trois pays précités devrait fonctionner en " coopération " avec la Banque mondiale. À Paris, on estime que cette initiative ne recoupe pas le projet de fonds mondial de l'environnement évoqué à la dernière conférence de Bali.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.