Le risque de récession demeure au Japon

Dernière bonne nouvelle avant la récession ? Le gouvernement japonais a annoncé que le PIB avait bondi de 0,9 % au dernier trimestre 2007 (+ 3,7 % en rythme annualisé) par rapport au trimestre précédent, soit bien au-dessus des prévisions des économistes. Avec un tel chiffre, l'économie de l'archipel a progressé de 2,1 % sur l'ensemble de l'année dernière. " L'investissement privé non résidentiel, les dépenses du gouvernement et la demande étrangère ont surpris par leur robustesse " , relève Hiromichi Shirakawa, de Credit Suisse.Pourtant, ce dernier maintient son diagnostic d'un ralentissement de l'activité au Japon, peut-être dès le prochain trimestre. Comme quelques-uns de ses confrères, Tetsufumi Yamakawa, l'économiste de Goldman Sachs, estime que le Japon est déjà en récession, tandis que Takehiro Sato, de Morgan Stanley, sonne le tocsin : " Préparez-vous pour une double récession " japonaise et américaine ! Même la ministre de l'Économie, Hiroko Ota, a douché les enthousiastes, en avertissant des " risques de ralentissement ".Pourquoi ce pessimisme ? Les Japonais sont pris en ciseaux entre des étiquettes qui grimpent (les prix de gros ont gagné 3 % en janvier, soit la plus forte hausse depuis 1981) et des salaires qui reculent. Sur le front intérieur, la consommation continue de stagner. Les industries exportatrices, elles, constatent que la baisse de la demande américaine se propage dans tous ces relais de croissance que sont la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie... et que le yen ne cesse de progresser. Une très forte corrélation demeure entre les importations américaines et les exportations japonaises." Les dépenses d'investissement représentent la moitié de la croissance du PIB au dernier trimestre ; mais les commandes de biens d'équipement, qui précèdent lesdites dépenses, se sont effondrées en décembre, et ce sont elles qui montrent la tendance ", estime Laurent Halmos, de CLSA.MELANCOLIE ECONOMIQUESurtout, les Japonais semblent entrer dans une mélancolie économique, reprise à longueur d'éditoriaux sur le déclin démographique, le retard boursier, la délocalisation industrielle, la désertification des campagnes et l'ossification du corps politique... Une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers, intitulée Le monde en 2050, place l'archipel japonais au rang de l'Indonésie dans quarante-deux ans. " Le Japon est revenu, en terme de rang économique, à son niveau d'avant la bulle ", estime Richard Katz.
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