Vers un salaire minimal dans l'intérim allemand

Par latribune.fr  |   |  528  mots
Dans sa croisade pour imposer un salaire minimal généralisé en Allemagne, le Parti social-démocrate (SPD) a reçu un appui de deux fédérations patronales dans le secteur du travail temporaire. Les groupements d'employeurs IGZ et BZA, majoritaires dans cette branche, ont déposé cette semaine une demande pour faire inscrire dans la loi un niveau de salaire minimal devant s'imposer pour tout professionnel de l'intérim installé sur le sol allemand. L'initiative a aussitôt été critiquée par la CDU, le parti d'Angela Merkel, et par le patronat BDA, qui ne voient pas la nécessité de légiférer en la matière et craignent la perte de nombreux emplois.Le salaire minimal s'applique pour l'heure outre-Rhin dans le bâtiment, le nettoyage industriel et, depuis peu, dans la distribution du courrier. Au sein de la CDU, un ténor de l'aile sociale incarnée par le ministre du Travail de Rhénanie-Westphalie, Karl-Josef Laumann, prend son parti à contre-pied. Un salaire minimal dans l'intérim est justifié pour empêcher que " des travailleurs d'Europe de l'Est puissent - à partir de l'ouverture du marché du travail allemand en 2009 - être employés en gagnant les salaires de leur pays d'origine ". Les fédérations IGZ et BZA ont chacune signé un accord collectif avec la confédération syndicale DGB, en fixant un salaire horaire minimal de 6,36 euros à l'Est et 7,31 euros à l'Ouest du pays. Un troisième groupement patronal minoritaire, l'AMP, a signé avec un autre syndicat une convention moins généreuse, ce qui devrait l'obliger à s'aligner vers le haut dans le cadre d'une prochaine législation.695.500 TRAVAILLEURS TEMPORAIRESLe débat intervient alors que la branche de l'intérim a bénéficié ces dernières années d'une forte conjoncture en Allemagne. Un pic de 695.500 actifs exerçant un travail temporaire a été atteint au 30 juin 2007, représentant plus du double du niveau enregistré quatre ans auparavant. Comparé à la population active totale, le taux de pénétration pour cette forme d'emploi reste encore bas, à 1,5 %, contre une moyenne de 2,5 % en Europe.L'industrie outre-Rhin a bien compris les avantages de l'intérim pour mieux jongler avec les fluctuations dans les carnets de commandes. Au sein du groupe allemand KSB, spécialisé dans la production de pompes hydrauliques, près de 10 % des 450 salariés présents sur son site de Halle, en Saxe-Anhalt, sont des intérimaires. Dans cette industrie fortement exportatrice, " ce n'est pas le moins cher qui l'emporte mais celui qui est le plus rapide pour livrer ", explique Christian Haag, directeur de KSB. Les syndicats réclament un encadrement plus strict du secteur pour éviter une tendance à substituer des emplois stables par de l'intérim. " Cet argument ne joue pas car en Allemagne les intérimaires envoyés en entreprise ont signé un contrat à durée indéterminée avec l'agence qui les place. Il n'y a donc pas d'effet de substitution ", remarque Sylvia Knecht, porte-parole de l'agence de travail temporaire DIS. Chez KSB, un intérimaire gagne pratiquement toujours autant qu'un salarié sous contrat à durée indéterminée et bénéficie exactement des mêmes avantages sociaux.