L'an dernier, l'Espagne a encore créé 550.400 emplois nouveaux. C'est moins que le million de 2005, certes, mais c'est toujours acceptable. Reste que le mouvement semble s'inverser : après avoir longtemps détenu le record au sein de l'UE en la matière, elle a, au quatrième trimestre de 2007 et pour la première fois en douze ans, détruit des emplois en termes nets : 33.700 en trois mois. Ce n'est donc plus seulement la forte augmentation du taux d'activité qui explique l'augmentation du chômage : l'Espagne, en sus, réduit bel et bien son stock total d'emplois. Et cela, malgré une évolution du PIB de 3,5 %, ce qui reflète un phénomène préoccupant : la faible élasticité du marché du travail par rapport à la croissance. Traditionnelle grande pourvoyeuse d'emplois, la construction est au centre de ce phénomène : en 2007, elle a vu s'accroître de 39.300 le nombre de ses chômeurs. Et colmater la brèche que laisse la pierre n'est guère facile, s'agissant d'un secteur caractérisé par une forte concentration de main-d'oeuvre et par la faible valeur ajoutée de ses emplois, qui rend plus difficile la reconversion de ses travailleurs.D'où la question que chacun se pose à Madrid : quel secteur prendra la relève ? Les services ne sont pas extensibles à souhait, eux qui ont vu en 2007 augmenter de 6,6 % le nombre total de leurs chômeurs. L'industrie, elle, s'est plutôt mieux comportée, puisque le nombre de ses sans-emploi s'est réduit l'an dernier de 4,4 %. Mais le secteur secondaire, au sein d'une Espagne très tertiarisée, ne concentre que 16 % du total des personnes employées et peut donc difficilement faire office à lui seul de panacée. Surtout à un moment où sa grande priorité, pour rétablir sa compétitivité internationale, est d'accroître sa productivité.

latribune.fr

26 Sept 2008, 2:39

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