Paris et Berlin réticents sur la " stratégie climat "

L'adhésion des Vingt-Sept à la nécessité d'agir rapidement pour contrer le réchauffement de la planète devrait connaître, ce 25 février, une nouvelle mise à l'épreuve. Avant leurs collègues de l'Énergie, le 28 février, et les chefs d'État et de gouvernement de l'Union, les 13 et 14 mars, Hervé Novelli, le secrétaire d'État français chargé des Entreprises et du Commerce extérieur, et ses homologues européens sont, en effet, réunis aujourd'hui à Bruxelles, au sein du Conseil Compétitivité, pour un premier examen de la " Stratégie Climat " proposée par la Commission le 23 janvier.Plat de résistance de leur déjeuner, la question ultrasensible du traitement à réserver aux industries grosses consommatrices d'énergie, comme celles de l'aluminium ou les cimenteries. À l'initiative du gouvernement autrichien, sept États, dont l'Allemagne et la France, ont d'ailleurs adressé, peu avant cette réunion, une lettre commune à la présidence slovène de l'Union et au commissaire à l'Énergie.EVITER UNE " FUITE CARBONE "Dans ce courrier, les Sept insistent sur l'urgence de rassurer au plus vite les secteurs à haute intensité énergétique sur la préservation de leur capacité concurrentielle face aux entreprises de pays tiers exemptées de toutes contraintes environnementales. Sinon, avertissent-ils, ces industries, dont les investissements se font sur le long terme, vont opter très vite pour la délocalisation de leurs nouveaux projets hors d'Europe. Une " fuite carbone ", font-ils valoir, qui, non seulement affectera la production industrielle européenne, la croissance et l'emploi, mais dans le même temps empêchera de réduire, ce qui est pourtant l'objectif, d'importantes émissions de gaz à effet de serre.La Commission n'a pas ignoré l'existence de ce risque au cas où les pays tiers ne s'engageraient pas dans la même stratégie de réduction de 20 % de leurs émissions de ces gaz d'ici 2020. Elle se propose de dresser d'ici à 2010 la liste des secteurs menacés, en tenant compte, d'une part, de leur degré d'exposition à la concurrence émanant de pays refusant toute contrainte environnementale et, d'autre part, de leurs possibilités de répercussion du coût d'achat des " quotas d'émission " dans les prix de leurs produits. Elle indique que ces secteurs pourraient recevoir jusqu'à 100 % de ces " quotas " à titre gratuit et qu'il pourrait être envisagé d'inclure les importateurs concernés dans le système européen d'achat et d'échange de quotas.Les " Sept ", qui ont reçu le soutien d'autres pays comme l'Espagne, l'Italie et la Belgique, approuvent cette approche qui leur évite tout procès en protectionnisme de la part de capitales comme Londres et La Haye. Le coût d'achat obligatoire par les importateurs de ces " droits à polluer " corrigerait, en effet, le handicap CO2 des firmes européennes et aurait donc l'effet d'une " taxe carbone " sans en avoir le nom. Ils auraient toutefois la nécessité de garantir ces dispositifs au plus vite, et sans attendre 2010, pour donner la visibilité attendue par les industriels.
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