Vers un libre-échange nippo-coréen

La politique serait-elle enfin un facteur de réconciliation entre le Japon et la Corée du Sud ? Lundi, le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, et le nouveau président sud-coréen, Lee Myung Bak, se sont accordés pour rouvrir les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre les deux pays. Les deux hommes, qui se rencontraient à l'occasion de la cérémonie d'investiture de Lee à Séoul, sont soucieux de normaliser leurs relations : le premier est un pragmatique parfaitement conscient des crimes passés du Japon, tandis que le second est un entrepreneur qui fait passer les différends historiques au second plan de sa diplomatie.Les deux pays en réalité ont déjà des liens très forts : le Japon est le deuxième partenaire commercial de la Corée du Sud et son deuxième investisseur direct étranger. " Combinés, les deux pays représentent 17 % du PIB mondial ", note le ministère des Affaires étrangères japonais. Mais l'instrumentalisation de l'histoire des deux côtés empêchait jusqu'ici tout rapprochement. Pourquoi un tel retournement ? La Corée du Sud vit depuis des mois dans une frénésie d'ouverture grâce à laquelle elle espère survivre à la croissance exponentielle de la Chine. Signature d'un accord de libre-échange avec les États-Unis, négociation d'un autre en cours avec l'Union européenne, ouverture du concours de fonctionnaires aux étrangers... " Quand je vais au Japon, je trouve le pays très ouvert, avec des produits étrangers bien mieux représentés qu'en Corée du Sud, explique Philippe Li, avocat d'affaires et président de la Chambre de commerce franco-coréenne. Mais, quand je vois la vitesse et l'enthousiasme des Sud-Coréens, je me dis qu'ils pourraient rattraper le Japon. " La main tendue vers l'archipel s'inscrit dans cette optique.TOKYO CRAINT UNE MARGINALISATIONCôté japonais, on privilégie depuis quelques années le bilatéral aux organisations mondiales type OMC, et l'archipel a déjà signé plusieurs accords de libre-échange, mais toujours avec des partenaires de second rang : le Mexique, Singapour... Sans doute piqué au vif par l'accord spectaculaire conclu entre Séoul et Washington, Tokyo a pris conscience de sa marginalisation sur la scène économique mondiale et veut s'ouvrir à son tour. Une ombre au tableau toutefois : la Corée du Sud accuse un déficit commercial colossal avec le Japon, qui fournit toute l'industrie sud-coréenne en machines-outils, composants électroniques, etc. Ce déficit se creusera en cas d'accord.
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