Un dialogue à renouer avec le FMI

La nomination à la tête du gouvernement égyptien du responsable des négociations avec le FMI permet d'entrevoir une amélioration du climat entre Le Caire et le Fonds monétaire. Depuis l'an dernier, le dialogue entre les deux parties s'est en effet beaucoup distendu en raison de la lenteur des autorités égyptiennes à lancer le processus de privatisation. Une nouvelle réunion Egypte-FMI doit avoir lieu ce mois-ci pour tenter de trouver une solution au différend qui les oppose. En remerciement de l'attitude amicale de l'Egypte lors de la guerre du Golfe, ses créanciers occidentaux réunis au sein du Club de Paris avaient décidé d'annuler purement et simplement une partie de la dette égyptienne : plus de 12 milliards de dollars sur un total proche de 50. Cette annulation était toutefois conditionnée à l'approbation par le FMI du programme de libéralisation économique promis par Le Caire. Le Fonds ayant estimé que les engagements n'avaient pas été tenus - notamment une dévaluation de la livre égyptienne à laquelle l'Egypte se refuse catégoriquement -, la dernière tranche de la dette annulable ne l'a pas été. Un enjeu de 4 milliards de dollars qui sera donc au centre des prochaines discussions. La corruption plus payante que le travail Les pressions du FMI pour une accélération des réformes sont contestées par de nombreux experts égyptiens et étrangers résidant au Caire. Car privatiser rapidement des entreprises publiques aux effectifs pléthoriques n'est guère aisé dans un pays où le chômage augmente de jour en jour. Et il est un problème bien plus aigu que la surpopulation du secteur public : celui du fanatisme et de la montée du mouvement intégriste. Certes, des efforts sont à faire pour améliorer les faibles rendements des entreprises mais les salariés égyptiens n'ont guère le coeur à l'ouvrage quand ils constatent que la corruption rapporte plus que le travail. « Si les responsables nous donnent l'exemple du travail et de l'honnêteté, nous commencerons à bien travailler », entend-on souvent dans les bureaux. Malgré cet état d'esprit peu favorable à la restructuration de l'économie, l'Egypte essaie de suivre, à son rythme, le mouvement mondial. Outre le problème des privatisations, elle doit faire face aux conséquences de la future libération des échanges visée par la conférence euro-méditerranée de Barcelone. D'ici 2010, tous les biens de consommation européens pourront entrer librement sur le marché égyptien, ce qui n'est pas sans inquiéter les industriels locaux, conscients du manque de qualité de leurs produits. Enfin, troisième grand défi du pays, celui de la démographie galopante. Peupler les zones désertiques est désormais une priorité pour les autorités qui s'inquiètent de la surpopulation de la vallée du Nil. De grands projets ont été lancés pour inciter les Egyptiens à s'installer dans les déserts du Sinaï ou à l'ouest du Nil. 22 milliards de dollars devraient ainsi être dépensés dans les vingt prochaines années pour peupler le Sinaï de 3 millions de personnes supplémentaires alors que 160.000 y vivent actuellement. De grands investissements sont également en cours, notamment pour exploiter des mines de phosphate et attirer des travailleurs dans le désert occidental. F. P.
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