UEM + Kohl pour une interprétation stricte des critères de Maastricht

Helmut Kohl est visiblement mal à l'aise. Trois jours après avoir assuré au Bundestag que l'euro se ferait à l'heure et en respectant pleinement les critères de Maastricht, il a cru nécessaire hier, après une réunion des leaders de la CDU, d'aller plus loin encore en précisant que l'Allemagne respecterait « strictement » les critères, et donc serait en dessous des 3 % du PIB en matière de déficit public. « Les 3,0 %, c'est la position du gouvernement, et il ne doit pas y avoir de doute là-dessus », a-t-il insisté alors que, ces derniers temps, il était devenu beaucoup moins précis sur ce point. Plusieurs de ses lieutenants avaient d'ailleurs clairement fait savoir qu'après tout, un taux de 3,2 % de déficit par rapport au PIB ne serait pas non plus une catastrophe. Une remise au point qui intervient le jour même où Edmund Stoiber, ministre-président de Bavière, attaquait une nouvelle fois durement le chancelier (lire ci-dessous). Le ministre des Finances, Theo Waigel, est allé dans le même sens hier en assurant que « 3,1, 3,2, 3,3, ce n'est pas 3 % ». Des précisions qui doivent permettre de faire taire les critiques bavaroises, à quelques jours des vacances parlementaires. Le chancelier a fait savoir d'ailleurs qu'il n'était pas prévu de rendez-vous particulier à ce sujet avec Edmund Stoiber, mais il a repris à la lettre ses exigences, de manière à éviter que le dossier soit au coeur des discussions pendant la trêve estivale. Habilité et astuces. Reste à savoir cependant comment il va tenir ses promesses alors qu'au bout de cinq mois d'exercice budgétaire seulement, le déficit dépassait déjà plus de 50 milliards de marks, d'après le SPD. Theo Waigel doit présenter le 11 juillet, en même temps que son projet de budget pour 1998, un collectif budgétaire pour 1997 de manière à compenser les 30 milliards de « trou » par rapport aux prévisions fiscales initiales. En s'engageant fermement hier, il risque en tout cas de s'être fermé toute possibilité d'interprétation. Les Allemands seront donc à « 3,0 % » en 1997, ce qui va nécessiter beaucoup d'habileté de la part des fonctionnaires du ministère des Finances pour trouver toutes les astuces comptables possibles. Cette fois-ci, il ne sera plus possible d'utiliser des artifices aussi grossiers que la réévaluation des réserves d'or de la Bundesbank, qui avait provoqué il y a quelques semaines un véritable tollé outre-Rhin. Vis-à-vis des Français, Theo Waigel tout comme Helmut Kohl sont restés très prudents. Ils ont conseillé la « retenue dans le jugement » avant d'évaluer l'action du nouveau gouvernement. Comment vont-ils réagir si ce dernier annonce le 21 juillet un déficit prévisible de 3,5 % ? Pour l'instant, ils évitent de répondre. Mais, incontestablement, alors que certains membres de la CSU ont déjà laissé entendre que l'euro pouvait se faire aussi sans les Français, le dossier sera à nouveau sur le tapis. Bénédicte de Peretti, à Munich
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