Le marché pétrolier ne peut pas rester indifférent

Il n'y a aucune raison que la politique pétrolière saoudienne change avec la prise en charge de la direction des affaires par le prince héritier Abdallah », affirmait hier l'un des responsables du Centre for Global Energy Studies, une structure crée par Cheick Yamani, l'ancien ministre saoudien du Pétrole. Pourtant sur les marchés pétroliers, les cours du brut se sont tendus hier. La hausse est restée, certes, très modérée. Le pétrole de la mer du Nord ne s'est apprécié que de 10 cents à 18,43 dollars le baril. Les traders, hier, étaient plus préoccupés par l'évolution des conditions climatiques en Amérique du Nord et en Europe que des affaires saoudiennes. Mais de l'aveu de plusieurs d'entre eux, « le marché ne peut pas rester indifférent aux événements qui affectent le premier producteur mondial de pétrole » (11 % de l'offre mondiale). Et Peter Gignoux, le responsable du desk « pétrole » chez le broker Smith Barney, rappelle que « sur les 8 millions de barils extraient quotidiennement d'Arabie Saoudite, un peu plus de 7 millions de barils sont destinés aux Etats-Unis, à l'Union européenne et au Japon ». Pas de changement de cap en vue La moindre inflexion dans la politique pétrolière saoudienne qui peut survenir aura donc un impact dans les pays consommateurs, affirment les experts pétroliers. Reste à savoir si le prince héritier a l'intention de modifier la politique pétrolière saoudienne qui consiste à pomper l'exacte quantité de pétrole requise par le marché. Si c'est le cas, Abdallah, dispose-t-il des moyens pour le faire et les conditions actuelles du marché pétrolier permettent-elles une telle révision ? Ces questions taraudent les spécialistes du marché pétrolier. Pour l'heure, commente Medhi Varzi, un « Opep watcher » (spécialiste des rapports de force au sein de l'Opep) attaché au broker londonien Kleinworth Benson, « il est peu probable qu'Abdallah s'attaque à la politique pétrolière en place ». Selon un expert attaché au Centre for Global Energy Studies « il n'y a aucune raison objectives pour qu'Abdallah dévie de la ligne définie par le roi Fadh en matière pétrolière ». Un « sens du dialogue » absent D'ailleurs, un élément récent vient conforter les pétroliers dans cette analyse : il s'agit du budget 1996 pour le Royaume. La séance d'adoption définitive du projet budgétaire pour 1996 s'est tenue sous la présidence du prince héritier Abdallah, lundi, et ce dernier n'a fait part d'aucune objection sur la politique pétrolière soutenue par le nouveau budget. S'il est peu probable que l'Arabie Saoudite remette en cause les axes de sa politique au sein de l'Opep, certains spécialistes estiment que le poids d'Abdallah pourra se faire sentir lorsque se posera avec acuité au sein du cartel la question du retour de l'Irak à une production normale de pétrole. « La réputation de panarabisme qui lui est faite pourrait l'amener à contrer l'intransigeance koweïtienne sur une révision en hausse du quota irakien impliquant une minoration des quotas des Emirats arabes unis, du Koweït et de l'Arabie Saoudite », affirme un « Opep watcher ». Ce rôle de conciliateur, qui est prêté à Abdallah par certains pétroliers, pourrait s'étendre au-delà du cartel. Il pourrait être plus ouvert aux revendications de certains producteurs arabes de pétrole n'appartenant pas à l'Opep (Oman, Egypte, Syrie, Soudan). Et amener ainsi une concertation dans les politiques pétrolières. Mais rien n'est moins sûr. Lors du dernier Conseil du Golfe, tenu en présence du prince héritier, rappelle un expert londonien, l'Arabie Saoudite d'Abdallah en imposant comme secrétaire général de l'organisation un Saoudien n'a pas fait preuve d'un sens aigu du dialogue. Guy-André Kieffer
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