Budget américain : le ton monte mais les négociations reprennent

Les négociations budgétaires américaines ont repris, hier soir, à la Maison-Blanche entre le président Clinton, ses conseillers et les leaders républicains du Congrès. L'atmosphère, cependant, était moins sereine que la veille. Peu de temps auparavant, la Chambre des représentants avait refusé de se prononcer sur un texte, approuvé la veille par le Sénat, visant à permettre à l'administration fédérale de fonctionner normalement jusqu'au 12 décembre. Alors que les sénateurs républicains jugent que la fermeture partielle du gouvernement - qui entre aujourd'hui dans son vingtième jour - a assez duré, leurs alliés de la Chambre des représentants considèrent que l'absence de budget et la pagaille qui en découle sont leur seul moyen de pression sur Bill Clinton. Le président a réagi vivement au « no » des représentants en dénonçant le « cynisme » de la stratégie républicaine. Un peu plus tôt, son porte-parole avait qualifié l'équipe dirigeante de la Chambre, dont Newt Gingrich, de « groupe monstrueux ». Des propos jugés « scandaleux » par les républicains. De toute évidence, la trêve des confiseurs observée par les combattants de l'affrontement budgétaire dans leurs déclarations publiques est terminée. Sur le fond, cependant, les tractations sont entrées dans leur phase sérieuse, celle où les négociateurs avancent des chiffres et des offres de compromis après s'être longtemps bornés à faire le constat de leurs divergences. Bill Clinton, par exemple, est maintenant disposé à accepter un allégement de l'imposition des plus-values en capital. En outre, un leader républicain indiquait, hier soir, que la Chambre des représentants étudierait sérieusement la possibilité de réouvrir les administrations fédérales si Bill Clinton présentait un plan d'élimination du déficit fédéral sur sept ans. Jusqu'ici, les représentants républicains affirmaient qu'ils ne laisseraient pas l'administration fonctionner normalement tant que la Maison-Blanche n'aurait pas accepté un compromis sur le budget. Le temps presse, car les effets de la crise commencent à se faire sérieusement sentir. Les fonctionnaires fédéraux, payés à la semaine et aussi endettés que leurs compatriotes, rencontrent des difficultés financières. Environ 760.000 d'entre eux - 260.000 sont en congé forcé, 500.000 travaillent sans salaire - ne sont plus payés depuis près de trois semaines ou ne le sont que partiellement. Un nombre croissant de fonctionnaires demandent des indemnités de chômage ou supplient leur banque de leur accorder des prêts ou des délais dans le remboursement de leurs emprunts. La crise a quantité d'autres répercussions. La publication des statistiques économiques fédérales est perturbée. L'Agence de protection de l'environnement a interrompu le nettoyage des dépôts de déchets toxiques. Le ministère du Commerce n'accorde plus les licences d'exportation dont les entreprises de technologie de pointe ont besoin pour vendre certains produits à l'étranger. Les compagnies aériennes manquent de passagers sur les liaisons internationales en raison de la fermeture des services de visas et de passeports. Cependant, pour les représentants républicains (qui sont payés normalement), l'élimination du déficit budgétaire vaut bien quelques « désagréments » passagers. JEAN-MARIE MACABREY À WASHINGTON
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