Le coup de force au Cambodge compromet un début de stabilisation

Après deux jours d'affrontements et de pillages, le communiste Hun Sen, l'un des deux Premiers ministres au pouvoir au Cambodge, semble avoir pris le contrôle de la capitale. Même s'il se défend d'avoir perpétré un coup d'Etat, il a tout de même profité du départ vendredi vers la France du prince Norodom Ranariddh, l'autre Premier ministre, pour attaquer les bases de son parti, le Funcipec, fermer l'aéroport, et établir un couvre-feu. Dans une apparition télévisée, il a qualifié le prince de « traître » et a appelé à son arrestation. Déroute. Cela fait des mois que la tension monte à Phnom Penh entre les deux Premiers ministres qui essaient d'accroître leur pouvoir pour remporter les élections législatives prévues pour l'année prochaine. La situation s'est envenimée la semaine dernière, lorsque Norodom Ranariddh a essayé de négocier avec les derniers Khmers rouges. La guérilla maoïste, responsable du génocide d'un million de personnes entre 1975 et 1979, est en pleine déroute. L'instabilité actuelle consacre surtout l'échec du processus de paix organisé à grand renfort de dollars par les Nations-Unies. La mission des Casques bleus, qui a coûté 2 milliards de dollars, avait pour but de préparer des élections démocratiques en 1993. Mais dès le début, la coalition entre royalistes et communistes soutenus par Hanoï et la mise en place de deux Premiers ministres s'est avérée bancale. Ce coup de force intervient alors que la situation économique allait en s'améliorant. Même si la croissance a légèrement diminué en 1996 (6 % contre 7,6 % en 1995) du fait du ralentissement du secteur agricole, (caoutchouc, élevage et riz), l'industrie manufacturière a connu une forte hausse et le secteur du tourisme est particulièrement prospère. En mai, la Banque asiatique du développement prévoyait 6,4 % de croissance pour 1997. L'inflation, qui avoisinait les 100 % en 1993, n'a pas dépassé les 7,5 % l'an dernier. Et la devise, le riel, est resté également assez stable contre le dollar avec une dépréciation limitée à 4 % en 1996. Quant aux investissements étrangers, depuis la mise en place en août 1994 d'une loi très libérale, ils atteignaient fin 1996 environ 3 milliards de dollars, dont 60 % en provenance de Malaisie. Le principal problème reste le déficit budgétaire et celui des comptes extérieurs, même si la balance des transactions courantes s'est réduite de 16 % du PIB en 1995 à 13,5 % l'an dernier. Une aide de 450 millions de dollars. Il y a quelques jours, un groupe de donateurs internationaux sous l'égide de la Banque mondiale a accordé une enveloppe d'aide de 450 millions de dollars pour 1997-1998. Une bonne nouvelle après la suspension en novembre dernier par le FMI d'un prêt de 20 millions de dollars pour protester contre l'absence de mesures luttant contre la déforestation et les exportations illégales de bois. Environ 40 % du budget sont financés par l'aide internationale. Mais surtout, fin mai, le Cambodge est devenu membre de l'Asean. Son entrée officielle, prévue le 23 juillet, pourrait être maintenant retardée. Car si Hun Sen n'arrive pas à rétablir l'ordre, les observateurs craignent un retour à la guerre civile. Hélène Vissière, à Bangkok
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.