TURQUIE + Coalition entre la droite et le centre gauche à Ankara

Mesut Yilmaz est de retour à Ankara. Déjà deux fois Premier ministre dans un passé proche, le chef du parti de la Mère Patrie (Anap, droite), mouvement de l'ancien président de la République Turgut Özal, a obtenu hier le blanc-seing du chef de l'Etat, Suleyman Demirel, pour son équipe gouvernementale. Un gouvernement formé grâce à une coalition avec les déçus du parti de Tansu Ciller, rivale de toujours de Yilmaz, qui ont rejeté l'alliance avec les islamistes du Refah et créé le nouveau parti « démocrate de Turquie » (DTP, droite), et avec le centre gauche (DSP) de Bulent Ecevit, vieux routier de la politique turque. Ce dernier devrait occuper les fonctions de vice-Premier ministre, sur un pied d'égalité avec un représentant du DTP, Ismet Sezgin, par ailleurs ministre de la Défense. Le parti de Mesut Yilmaz détiendra sans surprise une majorité de postes au gouvernement (21 portefeuilles sur 38), notamment celui de l'Economie, contre 11 au DSP et 5 au DTP. Rapprochement avec l'UE. Selon les observateurs, la coalition gouvernementale devrait obtenir sans problème la confiance du Parlement lors du vote attendu autour du 12 juillet, le nombre des défections s'étant accéléré ces derniers jours au sein du parti de Tansu Ciller. Auparavant, Mesut Yilmaz aura, peut-être dès la fin de cette semaine, présenté son programme marqué par le libéralisme économique et la volonté d'effacer une année d'inaction gouvernementale. « Nous allons faire tous les efforts pour l'intégration de la Turquie dans le monde contemporain », a déclaré Mesut Yilmaz, selon lequel son gouvernement « a été formé pour sortir le pays de la crise de régime que le gouvernement précédent a créée et pour renforcer la république laïque et démocratique ». Le rapprochement avec l'Union européenne, pour lequelle la présence d'islamistes au gouvernement constituait plus un obstacle qu'un argument favorable, et la reprise des réformes structurelles dont l'économie turque a besoin devraient, selon les experts, figurer dans les priorités du nouveau gouvernement. Ces réformes, si l'on en croit l'OCDE, sont plus que jamais nécessaires. Dans sa dernière étude-pays, rendue publique justement hier, l'organisation internationale estime que « la lenteur des réformes microéconomiques est sans doute la principale cause des déficits budgétaires chroniques (8,25 % du PIB prévu pour 1997), de la forte inflation (65 % espéré cette année) et de l'instabilité macroéconomique (...). Une ouverture de l'économie à une concurrence beaucoup plus intense, une plus grande transparence des coûts des interventions de l'Etat, de même qu'e affectation explicite des ressources libérées par les réformes à des domaines prioritaires (tels que l'amélioration de la santé et des niveaux d'instruction, peu satisfaisants en Turquie) sont les principaux moyens de développer la cohésion sociale. » Alain Baron
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.