Farines animales : l'Europe rejette la demande française

Le Comité vétérinaire permanent de l'Union européenne a rejeté, hier, la demande française de restreindre l'utilisation des farines carnées dans l'alimentation des porcs, volailles et poissons d'élevage. La France a décidé, la semaine dernière, de prohiber l'utilisation des cadavres, des saisies d'abattoirs et des pièces du système nerveux central (cerveau, moelle épinière...) des ruminants dans la fabrication de protéines animales. Pour accroître l'efficacité du dispositif, Paris a saisi la Commission de Bruxelles pour que l'Union européenne fasse de même dans les plus brefs délais et que les Quinze réclament aux pays tiers de leur emboîter le pas. En pure perte. Reste que les associations de consommateurs ne sont pas satisfaites de la demi-mesure adoptée par le gouvernement français. Elles exigent, pour une meilleure protection de la santé publique, l'interdiction totale des farines carnées dans l'alimentation de tous les animaux. Les experts sont partagés sur les risques de transmission de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), connue sous le nom de maladie de la « vache folle », aux porcs, volailles et poissons d'élevage par la farine carnée. Dès lors que cette substance protéique, responsable de l'épizootie de l'ESB chez les bovins, est interdite dans l'alimentation des ruminants, cela suffirait à protéger efficacement la santé publique. Les pouvoirs publics hésitent. En principe, le doute doit profiter au consommateur. Et, dans le doute, mieux vaudrait interdire totalement l'utilisation des farines carnées dans l'alimentation de tous les animaux. Mais cela provoquerait un autre problème. L'Union européenne manque de plus en plus de protéines végétales, et le retrait des protéines animales du marché augmenterait sa dépendance vis-à-vis des pays tiers, notamment des Etats-Unis. Le taux d'autosuffisance des Quinze en matières riches en protéines, qui était encore de 35 % avant la réforme de la politique agricole commune, est tombé à 29 % actuellement, du fait de l'augmentation constante des besoins. C'est le secteur agricole le plus déficitaire de l'Europe verte. De surcroît, la production de la principale source en protéines végétales est plafonnée par le volet agricole des accords du Gatt : les Quinze ne peuvent semer plus de 5,5 millions d'hectares de colza, soja ou tournesol, ces graines oléagineuses très riches en protéines. Alors que pour les céréales, par exemple, le fameux accord de Blair House limite les exportations subventionnées, mais pas la production. Dans l'Union européenne, les utilisations de farines carnées pour l'alimentation animale s'élèvent à quelque 2,5 millions de tonnes par an, ce qui équivaut à l'utilisation d'environ 3 millions de tonnes de farines de fève de soja. Et qui représente, en rendement moyen, 4 millions d'hectares de cultures oléagineuses. Comme il n'est pas question d'accroître les surfaces, reste la solution d'importer... à prix fort. Marc DEGER
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