Budget américain : les négociations sont suspendues

Les négociateurs du Congrès et de la Maison-Blanche ont suspendu leurs discussions sur l'élimination du déficit budgétaire hier soir au terme de quatre heures d'échanges infructueux. Selon les leaders républicains, les négociations sont interrompues pour au moins une semaine, période durant laquelle les travaux se poursuivront au niveau des sherpas. Le marché obligataire a immédiatement réagi à l'échec des négociations en poussant le rendement des obligations publiques à long terme à leur plus haut niveau depuis trois semaines. Bob Dole, leader de la majorité républicaine au Sénat, et Newt Gingrich, Speaker de la Chambre des représentants, ont évité d'envenimer la situation à leur sortie de la Maison-Blanche et ont déclaré qu'ils étaient prêts à reprendre les négociations quand l'administration Clinton offrira « quelque chose de nouveau ». A la Maison-Blanche, on affirme que la suspension des discussions n'équivaut pas à une rupture définitive et que les entretiens pourraient reprendre dans une semaine, quand le président Clinton sera rentré de Bosnie et Bob Dole d'une tournée électorale. « Nous avons fait des progrès, l'ambiance était bonne », a même ajouté Clinton. Il reste que les négociations n'ont pas produit d'accord, alors que les entretiens hier étaient supposés être décisifs et des divergences fondamentales subsistent. « Les chiffres des deux camps ne sont pas très différents: la difficulté se trouve plutôt au niveau des choix politiques qui les sous-tendent », dit un parlementaire démocrate conservateur. Si les deux parties ne parviennent pas à rapprocher leurs priorités, les Etats-Unis connaîtront leur troisième paralysie administrative à partir du 26 janvier, date à laquelle arriveront à échéance les crédits provisoires qui permettent au gouvernement de fonctionner presque normalement en l'absence de budget 1995-1996. La suspension des négociations budgétaires intervient au moment où s'amenuise l'avantage politique que Bill Clinton tirait de la crise. Bob Dole, principal candidat républicain à la présidentielle, est remonté dans les sondages, au détriment du président. Selon une étude CNN-USA Today, 47 % des Américains ont l'intention de voter pour Clinton, contre 55 % à la mi-novembre, tandis que Dole recueille 46 % des intentions de vote, contre 39 % à la mi-novembre. Explication ? Dole a compris que le public, exaspéré par la pagaille budgétaire, voulait récompenser les hommes politiques de bonne volonté. Et Clinton ? « Il a fait une erreur d'analyse : parce que sa cote ne cessait d'augmenter, il a pensé que cela pouvait durer éternellement », répond Steven Bell, analyste politique de Salomon Brothers à Washington. JEAN-MARIE MACABREY À WASHINGTON
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