Budget américain : les chances d'un compromis s'amenuisent

Après l'échec des entretiens de mardi sur l'élimination du déficit budgétaire, chaque camp envisage des stratégies de la dernière chance. Au Congrès, les républicains tentent de convaincre les démocrates conservateurs (généralement originaires du Sud profond) de se rallier à leur plan. Ils ont peu de chances de rassembler la majorité des deux tiers nécessaire pour protéger un vote du Parlement contre le veto présidentiel. De substantielles défections démocrates cependant accroîtraient la pression sur l'administration Clinton qui, d'un autre côté, doit éviter de s'aliéner la gauche démocrate représentée par Dick Gephardt, leader de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. A la Maison-Blanche, on continue d'évoquer la nécessité de parvenir à un compromis, mais, simultanément, le président Clinton donne l'impression de préparer ses troupes à une rupture éventuelle en leur demandant d'être prêtes à défendre ses priorités devant le public. Certains de ses conseillers lui recommandent d'abandonner définitivement les négociations et de s'en remettre aux électeurs lors de la présidentielle de novembre. Pour l'instant, officiellement, tout n'est pas perdu. Les négociateurs du Congrès et du gouvernement ont promis de se retrouver la semaine prochaine. « Des difficultés fondamentales doivent être surmontées, mais les intéressés sont toujours décidés à trouver une solution », affirme le secrétaire général de la Maison-Blanche, Leon Panetta. Par ailleurs, tous les acteurs de l'interminable saga budgétaire sont conscients que le public attend d'eux qu'ils parviennent à un compromis avant le 26 janvier, date à laquelle arrivent à échéance les crédits provisoires qui permettent à l'administration de fonctionner en l'absence de budget 1995-1996. Ils savent que le public ne leur pardonnerait pas une chute de la Bourse ou un ralentissement économique causé par un fiasco budgétaire. « Si nous n'avons pas d'accord budgétaire et [si ] les taux longs remontent à 6,5 %, on aura un problème économique », estime l'économiste Alan Runkin (Idea), qui continue cependant de parier sur la probabilité d'un accord dans ses prévisions économiques. Pour autant, les perspectives d'un compromis ne sont pas brillantes. « Pour la première fois, j'évalue les chances d'un accord à moins de 50 % - aux alentours de 33 % - », dit l'analyste Stan Collander (Federal Budget Report). Les discussions achoppent sur des questions de principe. Bill Clinton reproche aux républicains de vouloir financer leur réduction d'impôts par des coupes inacceptables dans les programmes d'éducation et de santé (Medicare et Medicaid). Les républicains accusent la Maison-Blanche de refuser une réforme en profondeur des programmes sociaux tels que Medicare, Medicaid et l'assistance aux familles défavorisées (Welfare State). Clinton a usé à nouveau de son droit de veto, hier, pour bloquer une proposition de loi républicaine sur la réforme de l'Etat providence. JEAN-MARIE MACABREY, À WASHINGTON
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