Tokyo attend son prochain Premier ministre

Par latribune.fr  |   |  498  mots
La vie politique japonaise a beau être notoirement volatile, le Premier ministre, Tomiichi Murayama, âgé de soixante et onze ans, n'en a pas moins réussi à créer la surprise en annonçant sa démission vendredi, dix-huit mois à peine après sa désignation, le 29 juin 1994. « C'était vraiment inattendu, soudain », ne put qu'expliquer, penaud, le porte-parole en chef du gouvernement, Koken Nosaka. Non que le départ du premier chef de gouvernement socialiste japonais depuis quarante-six ans soit en lui-même inattendu. Mais on ne pensait pas le voir survenir si tôt. C'était sans compter sur les bonnes résolutions pour la nouvelle année : celle de Tomiichi Murayama, prise comme il se doit dès le 1er janvier, fut de décider de renoncer au pouvoir. Il souhaite ainsi ouvrir la voie au plus puissant de ses partenaires au sein de la coalition gouvernementale : Ryutaro Hashimoto, cinquante-huit ans, ministre de l'Industrie et du Commerce, le tout-puissant Miti, par ailleurs élu à la tête du Parti libéral démocrate (PLD) en septembre 1995. Derrière son allure débonnaire, ce fervent adepte du Kendo cache une fermeté qui lui a valu de s'illustrer cet été lors des délicates négociations sur l'automobile avec les Etats-Unis. Outre ce changement au sommet, le Premier ministre sortant a souhaité que le « format des trois partis » de gouvernement reste en place. Il allie les socialistes de Murayama au PLD de Hashimoto et au « nouveau parti » Sakigake du ministre des Finances, Masayoshi Takemura, qui, dès hier soir, sont parvenus à un accord de programme. L'actuelle coalition détient une majorité absolue à la Diète, avec 294 sièges sur un total de 511. Les milieux économiques satisfaits Se fondant sur cette hypothèse de continuité, les milieux économiques ont bien accueilli l'annonce de la démission du Premier ministre, à l'image de la Bourse de Tokyo. En baisse jusqu'alors, l'indice Nikkei s'est instantanément retourné pour terminer la séance avec une progression de 51,03 points, à 20.669,03. « Les décisions étaient trop longues à venir », expliquait Masaru Takagi, chef économiste du Fuji Reseach Institute, cité par l'agence AP-Dow Jones. « Un changement de Premier ministre devrait tirer la demande intérieure japonaise. La confiance des consommateurs et des entreprises devrait faire un bond en avant car le nouveau chef du gouvernement, sans doute Hashimoto, sera un leader plus fort. » Mais ce changement de style ne devrait avoir que des conséquences limitées sur le fond. « Il n'y aura pas de changement fondamental de la politique du gouvernement », avertissait Makoto Kobayashi, directeur adjoint de la puissante Agence de planification économique. Murayama et son gouvernement quittent officiellement leurs fonctions aujourd'hui. Ils expédieront les affaires courantes en attendant que le Parlement entérine, jeudi, la nomination du nouveau Premier ministre. Seul à contester ce scénario de transition en douceur, Ichiro Ozawa, président du principal parti d'opposition, le Shishinto (parti de la nouvelle frontière) a exigé la tenue immédiate de nouvelles élections. THIERRY ARNAUD