La City croit au plan de rigueur allemand

Jours moroses pour l'économie allemande. Le Conseil des ministres adoptera tout à l'heure le projet de budget présenté par le ministre des Finances, Theo Waigel, qui prévoit un recul des dépenses publiques de 2,5 %, à un peu plus de 400 milliards de marks (1.352 milliards de francs). Ce choix douloureux interviendra au lendemain de l'annonce d'une très légère hausse du chômage en juin. L'Allemagne compte désormais 3.929 millions de demandeurs d'emploi en données corrigées des variations saisonnières, 3.000 de plus qu'à la fin du mois de mai, soit 10,3 % de la population active, a annoncé l'Office du travail de Nuremberg. Et pour faire bonne mesure, le Bundestag a donné son feu vert ce mardi, en deuxième lecture, au passage à soixante-cinq ans de l'âge de la retraite pour les hommes et les femmes à partir de l'an 2000 (contre soixante-trois et soixante actuellement). Même si cette dernière disposition devrait être rejetée par la Chambre haute et ressortir édulcorée de la Commission de conciliation du Parlement, la politique qui se dessine à Bonn en appelle à une discipline de fer dont la motivation était hier étalée à la une du quotidien financier Handelsblatt : « Waigel veut respecter le critère de Maastricht pour le déficit public en 1997 », déficit qui ne devra donc pas excéder 3 % du PIB. Et le ministre des Finances y arrivera, selon l'étude publiée il y a quel- ques jours par les économistes londoniens du cabinet Independent Strategy. Intitulé « le succès secret de Kohl », ce document de quatre pages défend une thèse peu répandue : non seulement le chancelier allemand imposera comme prévu un programme d'économies de 70 milliards de marks (2 % du PIB) d'ici à la fin de l'année, mais il y parviendra dans un contexte de reprise économique (le gouvernement allemand prévoit 1 % de croissance en 1996, deux fois plus que l'institut de conjoncture le plus pessimiste, DIW...). Le plan Kohl prévoit trois séries d'économies - au niveau de l'Etat fédéral, des Länder, et des comptes sociaux - qui ont déjà fait l'objet de compromis, reconnaissent pourtant David Roche et James Lister-Cheese, d'Independent Strategy. 20 milliards de marks d'économies voulues par Helmut Kohl auraient ainsi disparu, mais seront retrouvées lors des négociations autour de la loi fiscale 1997, affirment les deux experts. Habile politique, le chancelier fera en sorte qu'aucune des économies les plus sensibles ne puisse être bloquée par le Bundesrat, la Chambre haute, qui représente les Länder, et qui est dominée par l'opposition sociale-démocrate. Lors du processus parlementaire, qui s'annonce pourtant tendu et durera jusqu'à la mi-décembre, il y a, selon les auteurs, « 5 % de chances que Kohl ne gagne pas le vote du 13 septembre », échéance cruciale pour l'adoption du plan de rigueur par le Bundestag. Et 80 % de chances pour que la loi de finances soit modifiée ou qu'une grève sérieuse éclate. Ce qui ne changerait rien sur le fond : « Kohl a gagné. » THIERRY ARNAUD
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.