Est + La récession russe semble marquer le pas

« Le bateau russe est plein d'eau. Le gouvernement ne fait qu'écoper. » Cette image d'un économiste français tranche avec l'optimisme affiché par les autorités moscovites après la publication, hier, d'une hausse de 1 % du PIB russe au premier semestre. Là où Viktor Tchernomyrdine, le chef du gouvernement, se réjouit de ce qu'il décrit comme une « phase de reprise », des experts continuent d'afficher un pessimisme dubitatif. Ainsi, Jacques Sapir, professeur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, estime qu'« à 1 ou 2 % près une statistique n'a aucun sens. Surtout dans un pays comme la Russie où l'outil statistique comporte une marge certaine d'erreur ». De plus, une économiste bancaire fait remarquer que la méthode de calcul du PIB vient d'être modifiée. « Jusqu'à présent, l'économie parallèle représentait une pondération de 20 % dans ce calcul. Elle est désormais de 30 %. » Or, la difficulté d'appréhender le poids économique des secteurs informels dans un pays n'échappe à aucun expert. Précaution. Si donc, la hausse de 1 % du PIB russe doit être manipulée avec beaucoup de précaution - la révision de ce chiffre pour le premier semestre interviendra dans au moins trois mois - il paraît indéniable que l'économie russe marque un palier dans son déclin. En effet, depuis le début des réformes mises en route par Egor Gaïdar il y a cinq ans, l'économie du pays n'a pas cessé d'accumuler les déconvenues. Les plus récentes sont illustrées par une baisse du PIB de 4 % en 1995 et de 6 % en 1996. De son côté, la production industrielle s'est totalement effondrée : à la fin de l'année dernière, elle n'atteignait que 40 % de son niveau de 1991. Pour Tchernomyrdine, il ne faisait aucun doute en janvier que la croissance serait de 2 % en 1997. Depuis, le gouvernement a revu ces ambitions. Les milieux officiels ne parlent plus désormais que d'une stabilité de cette croissance pour l'année en cours, ce qui, compte tenu « des difficultés financières de l'Etat, sera déjà un succès », précisait, hier, le porte- parole du Premier ministre. Purge. Les difficultés financières de l'Etat russe sont multiples. « Les impôts rentrent toujours aussi mal. Les arriérés de paiement des retraites sont, semble-t-il, payés, mais au détriment d'autres paiements en retard », souligne Jacques Sapir. La grande purge dans les dépenses budgétaires, promise par le gouvernement russe pour la rentrée, sera très mal reçue par une population qui jouit encore dans sa grande majorité de subventions héritées de l'ex-URSS. Un effet qui sera amplifié par l'inflation qui grignote toujours les pouvoirs d'achat. Sur les six premiers mois de l'année, les prix ont grimpé de près de 9 %. Déjà, l'objectif gouvernemental d'une inflation annuelle de 12 % semble être un pari perdu. Eric Revel
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