La France entend refonder sa politique africaine

Demain, Antoine Pouillieute, directeur général de la Caisse française de développement, sera reçu par Charles Josselin, secrétaire d'Etat à la Coopération. Objet : la nouvelle politique française en Afrique. L'un des axes de cette nouvelle politique - que l'Elysée, naturellement impliqué dans cette réflexion, ne désapprouve pas - serait la création d'une Agence de coopération sur le modèle canadien. « Ou plutôt, deux agences », estime un expert très proche de la CFD. « L'une technique, qui couvrirait les questions de sécurité, de santé, d'éducation et de gestion des personnels techniques de la Coopération ; l'autre économique et financière qui pourrait s'appuyer sur l'actuelle Caisse française de développement. » « Un nouveau partenariat ». Charles Josselin, dans l'une de ses rares déclarations publiques depuis sa nomination, affirmait sur LCI, que le temps « des réseaux avait vécu ». A l'Elysée, on indique que la France souhaite une « normalisation de sa relation avec l'Afrique ». La grande discrétion de Charles Josselin sur la mise en place d'un échéancier, - pour « définir les conditions d'un nouveau partenariat » avec l'Afrique que Lionel Jospin a appelé de ses voeux, - s'explique pour trois raisons. D'une part, cete réforme de la coopération n'est pas une priorité pour un gouvernement aux prises avec d'autres dossiers plus urgents. D'autre part, le quasi-« silence radio » de la rue Monsieur peut être interprété, selon un haut fonctionnaire, comme la « volonté d'ouvrir un grand dialogue avec les capitales africaines » qui déboucherait ensuite sur la réforme annoncée. Enfin, Charles Josselin est bien conscient qu'Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères, souhaiterait mettre lui-même en oeuvre cette réforme. Pierre Lellouche, député RPR, estime lui aussi qu'il faut « remettre à plat notre système politique en Afrique ». Jacques Chirac, cohabitation oblige, devrait guetter avec une certaine « gourmandise politique » l'état d'avancement de la réforme de la politique française en Afrique et le bras de fer entre le ministère de la Coopération et des Affaires étrangères. « Si cette réforme se met en place, le chef de l'Etat dira haut et fort qu'il l'a soutenu depuis le début. Si c'est l'échec, il aura tout le loisir de se désolidariser », note un proche du dossier. Selon ce haut fonctionnaire du ministère de la Coopération, les « premiers effets de cette réforme ne se feront pas sentir avant au moins un an ». Problèmes idéologiques. La création d'une Agence de coo- pération, sans doute sous la houlette du ministère des Affaires étrangères, n'est donc pas pour demain. D'autant qu'elle pourrait poser des problèmes idéologiques au gouvernement si elle devait fonctionner sur le modèle de l'Agence canadienne. Le vice-président de l'ACDI (Agence canadienne du développement international), Charles Bassett rappelait, ainsi, récemment, que l'agence est exclusivement axée sur le commerce et l'investissement. Loin, des préoccupations humanistes, affichées traditionnellement par un gouvernement socialiste lorsqu'il parle de politique africaine. Cela dit, la récente « initiative américaine » destinée à ouvrir les marchés développés aux produits africains ne semble guère gêner Paris. Comme le constate un élu : « Si l'Amérique s'intéresse au continent noir, c'est bien qu'il y a des affaires à mener. Il y a de la place pour tout le monde. » Eric Revel
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