Kwasniewski : « je n'ai rien à voir avec les communistes russes »

Venant d'Allemagne où il a rencontré le chancelier Kohl, le nouveau président polonais s'entretient aujourd'hui avec Jacques Chirac et Alain Juppé à Paris. Une visite de travail effec-tuée à la demande de ce social-démocrate ex-communiste afin de lever toute ambiguïté sur sa politique. « La Tribune ». - Vous arrivez à Paris venant de Bonn. Percevez-vous des divergences d'approche entre les deux capitales à propos de la demande d'adhésion de la Pologne à l'Union européenne et à l'Otan ? Alexandre Kwasniewski. - Dans le fond, je pense que les approches sont similaires. L'approche allemande est très positive et on peut dire que les Allemands sont nos avocats en la matière vis-à-vis des membres de l'Union européenne et de l'Otan. Quant aux Français, ils comprennent nos aspirations et j'espère, à la veille de ma rencontre avec Jacques Chirac, que la France nous soutiendra. Car il n'en va pas seulement des intérêts polonais mais de la philosophie de la construction européenne. Si nous voulons poursuivre le processus commencé en 1989 avec la chute du mur de Berlin, après l'élargissement de l'Union à l'Autriche et à la Scandinavie, l'étape suivante c'est l'inclusion dans cet ensemble des pays d'Europe centrale et l'élargissement de l'Otan. La question centrale est celle-ci : que voulons-nous fai-re de l'Europe au XXIe siècle ? N'êtes-vous pas un peu frustré par la lenteur des Européens à préciser les conditions du futur élargissement ? Les décisions du dernier sommet de Madrid ont été très claires. Les discussions pourront commencer six mois après la fin de la conférence intergouvernementale. Je suis certain que la Pologne sera prête à entamer cette négociation. Combien de temps durera-t-elle ? c'est difficile à dire. Mais ce que je tiens à souligner, c'est que la Pologne se rapproche chaque jour davantage des normes ouest-européennes sur le plan économique, commercial, juridique. Nous devrions être prêts pour le prochain siècle. Vous avez été membre du Parti ouvrier unifié polonais (communiste) dont votre actuelle formation est issue. Quel type de relations entretenez-vous avec les communistes russes ? Ma réponse sera très claire. Premièrement, nous n'avons aucune relation particulière avec le PC russe. Bien sûr j'ai rencontré leur leader Ziouganov, tout comme d'autres leader, Iavlinski, Jirinovski... Mais je n'ai aucun lien avec le Parti communiste. D'un point de vue idéologique, les différences sont énormes entre sociaux-démocrates polonais et communistes russes : nous somme en faveur du libre marché, de la privatisation, d'une conception européenne de la sécurité, de l'appartenance à l'Otan. Ce ne sont pas les conceptions de Ziouganov. Cela dit, et je le dirai à Boris Eltsine, nous souhaitons les meilleures relations avec la Russie car c'est notre inté- rêt commun. Et si la Pologne a de bonnes relations avec son grand voisin, cela signifie une meilleure stabilité en Europe et c'est pour nous la meilleure façon d'intégrer les structures européennes. Propos recueillis par Daniel Vigneron
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