ÉTATS-UNIS-EUROPE + La bombe « Helms-Burton » n'est pas désamorcée

En avril dernier, l'Union européenne évitait de justesse une guerre commerciale avec les Etats-Unis en acceptant un compromis sur le dossier Helms-Burton, la législation américaine qui impose unilatéralement des sanctions contre les sociétés étrangères qui font du commerce avec Cuba. Mais rien n'est réglé pour autant, selon des sources diplomatiques françaises. Des négociations entourées du plus grand secret se tiennent depuis hier à Paris, au sein de l'OCDE, entre les représentants de l'Union européenne et des Etats-Unis pour trouver une solution durable. Des diplomates français sont d'avis que le dossier n'a pas beaucoup avancé. « Nous sommes parvenus tout au plus à un cessez-le-feu précaire », déclare-t-on de source proche du dossier. Helms-Burton reste donc une bombe à retardement pour les relations commerciales entre l'Europe et les Etats-Unis. Une bombe qui pourrait éclater cet été. Car si le président Bill Clinton ne parvient pas à convaincre son Congrès de modifier la loi, on voit mal comment on pourrait s'entendre. « Le Congrès américain se montre difficile », reconnaît-on à Bruxelles. L'Union européenne doit faire le point le 15 octobre. Si des progrès significatifs n'ont pas été accomplis d'ici là, l'UE va réintroduire sa plainte pour l'instant suspendue - contre les Etats-Unis auprès de l'OMC. Regrets. La France semble nourrir des regrets à propos du compromis d'avril dernier. « C'était la seule façon, d'éviter le retrait "de facto" des Etats-Unis de l'OMC, deux ans seulement après sa création », explique une source française proche du dossier. Le gouvernement américain avait, en effet, l'intention de dénier à l'OMC toute compétence dans une affaire qui relève selon lui de la « sécurité nationale ». Washington aurait montré ainsi au grand jour les limites du pouvoir d'arbitrage de l'organisation. « Personne ne souhaitait que l'OMC se prononce sur cette affaire », explique une source française. Insatisfaction. Le gouvernement cubain n'est pas satisfait non plus de ce compromis. Venue hier à Paris assister à une réunion organisée par le CNPF International, Marta Lomas Morales, vice-ministre cubain des Investissements étrangers, s'est montrée très réservée sur ces discussions. « Je pense que ce qui ne va pas, c'est la loi elle-même », a- t-elle déclaré à La Tribune. La législation a été, en tout cas, nuisible à Cuba. Elle a été un facteur important de la mauvaise récolte de sucre pour la période 1996-1997, car elle a retardé des financements de banques étrangères aux coopératives agricoles (qui ont repris des domaines américains). Hausse des investissements. Ces banques ont dû créer des circuits intermédiaires pour ne pas tomber sous le coup de la loi. Les autorités n'ont pas pu acheter des engrais et des produits phyto-sanitaires. Les investissements étrangers ont augmenté, certes, mais « les sociétés étrangères sont victimes de harcèlements » de la part des Etats-Unis, selon le vice-ministre cubain. Blanca Riemer
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