ITALIE + L'économie paie le prix de l'austérité du budget Prodi

La politique d'austérité draconienne menée par le gouvernement du Premier ministre italien Romano Prodi pour mettre l'Italie en conformité avec les normes de Maastricht s'avère très coûteuse en termes de croissance et d'emploi. Le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 0,4 % au premier trimestre de 1997 par rapport à la même période de l'année précédente, après un recul de 0,2 % lors des trois derniers mois de 1996, selon les données annoncées hier par l'Institut italien de statistiques Istat. Le taux de chômage atteint par ailleurs des records pour le trimestre terminée en avril, il se monte à 12,5 % de la population active contre 12,2 % lors du trimestre précédent. Dilemme maastrichtien. Les frémissements de reprise que le gouvernement et le patronat avaient cru déceler ne se sont donc pas matérialisés. C'est la première fois en cinq ans que la croissance recule deux trimestres de suite. L'Italie est confrontée à son tour au dilemme maastrichtien : à cause des politiques restrictives, la croissance n'est pas au rendez-vous, les recettes fiscales s'en verront affectées, le trou budgétaire sera de plus en plus difficile à combler... d'où la nécessité, peut-être, d'imposer de nouvelles mesures d'austérité. Comme l'affirme Bruno Coquet, chercheur à l'OFCE : « ce qui est bon pour l'Europe ne l'est pas forcément pour l'Italie ». Nouveaux ajustements. Le recul de la croissance au premier trimestre a été le résultat d'un ensemble de facteurs, dont une forte baisse des exportations nettes et une brutale diminution des stocks. En dépit d'une modeste accélération de la consommation et de la production industrielle, « les sociétés restent très méfiantes », souligne Bruno Rovelli de la Citibank à Milan, « l'Italie est victime de politiques fiscale et monétaire restrictives ». Une diminution des jours ouvrés a aussi affecté les résultats. Gouvernement et instituts privés sont unanimes à prévoir un retour de la croissance au deuxième trimestre, grâce notamment aux mesures d'incitation à l'achat d'automobiles, qui ont dopé la consommation en avril et mai. Mais le mauvais résultat du début de l'année devrait rendre plus difficile l'objectif d'une croissance de 1,2 % en 1997 prévu par Romano Prodi. Au centre de recherche de la Deutsche Bank à Milan, Andrea Conti table sur une progression du PIB de 0,9 %. Pour l'heure, les conjoncturistes pensent que l'Italie pourra encore s'en sortir avec un déficit budgétaire de 3,2 % du PIB cette année. Une hypothèse qui pourrait nécessiter toutefois de nouveaux ajustements. Déçu, Romano Prodi a réclamé hier une nouvelle baisse des taux d'intérêt. « Il faut réduire le loyer de l'argent », s'est-il exclamé. Mais, après la détente monétaire décidée vendredi (le taux d'escompte est tombé de 6,75 % à 6,25 %), les opérateurs financiers ne s'attendent pas à un nouveau desserrement du crédit avant septembre. Blanca Riemer
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