Un rapport du plan épingle les effets pervers des critères de convergence

Le maintien à un niveau élevé du chômage allemand est une mauvaise nouvelle pour l'Union européenne ou, à tout le moins, pour les douze Etats membres qui sont aussi des candidats déclarés à la monnaie unique. Les rigidités introduites par les critères de convergence du traité de Maastricht poussent en effet le taux de chômage des postulants à l'euro vers celui de la République fédérale. Telle est l'une des principales conclusions d'un rapport intitulé Convergence des économies et intégration européenne que vient de publier le Commissariat général du plan. « La persistance d'un chômage de masse et la faiblesse de la croissance économique en Europe incitent de nombreux économistes à proposer le réexamen des critères de convergence du traité de Maastricht », constatent les trois auteurs de cet épais document de 158 Voir Marchépage (1). Or ces critères, relatifs aux déficits publics, à l'endettement public, aux taux d'intérêt et à l'inflation ne servent qu'à obtenir « une convergence nominale », estiment les trois experts. En d'autres termes, « il s'agit de critères prudentiels qui visent à préserver la stabilité de la monnaie et à éviter d'éventuels comportements opportunistes (mais) qui ne prennent pas en compte le risque de récession ». Le plus important risque. Autant dire que le risque existe d'avoir laissé de côté le plus important, soit en l'occurrence « deux autres types de convergence (qui) sont aussi nécessaires au fonctionnement d'une union monétaire : la convergence réelle et la convergence structurelle ». La convergence réelle, c'est « le rapprochement des performances macro-économiques en termes de niveau de vie, de taux de chômage, de taux d'intérêt réel et de taux de change réel ». Et, dans ce domaine, le bilan économique de l'Union européenne est loin d'être convaincant. « Ce que l'on constate, c'est qu'il existe depuis la réunification allemande une cohérence entre convergence nominale et convergence réelle », explique l'un des auteurs de l'étude, El-Mouhoub Mouhoud. « Mais cette cohérence se fait autour d'une croissance faible et d'un chômage élevé. » Convergence structurelle. Conclusion : les critères de Maastricht sont sinon néfastes, au moins insuffisants. « On pourrait imaginer, par exemple, de se fixer pour objectif le taux de croissance le plus élevé, mais cela ne serait pas compatible avec le maintien du taux d'inflation le plus bas, et pas possible si l'on veut maintenir un niveau de change élevé et stable », poursuit El-Mouhoub Mouhoud. D'où l'importance de la troisième catégorie de convergence, la convergence structurelle, ce « processus d'homogénéisation de l'ensemble des structures économiques », seul capable d'enclencher cette harmonisation par le haut des économies européennes. Mais le constat des experts du plan est pessimiste : à l'exception notable de l'Espagne, et dans une moindre mesure de l'Irlande, les économies les moins avancées de l'Union voient leur retard structurel s'aggraver. T. A. (1) « Convergence des économies et intégration européenne », par Anne Hanaut, Rahim Loufir et El-Mouhoub Mouhoud, Commissariat général du plan, juin 1997.
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