La machine américaine à créer des emplois tourne à plein

L'économie américaine a fait preuve à nouveau en juin d'une croissance plus vigoureuse que prévu, comme en témoigne la création inattendue de 239.000 emplois et l'annonce, vendredi, d'un recul du chômage à 5,3 % de la population active contre 5,6 % en mai, au plus bas depuis six ans. Ces statistiques ont une fois de plus provoqué la surprise et semé la confusion à Wall Street, qui tablait sur une progression plus modérée de l'emploi, de l'ordre de 150.000 postes. « Tout indique que le taux de croissance de l'économie dépassera les prévisions pour se situer aux alentours de 4 % en rythme annuel au second trimestre », estime Bill Sharp, économiste chez Smith Barney à New York. Tous les éléments économiques liés à l'emploi sont révélateurs d'une activité soutenue. La durée hebdomadaire moyenne du travail a augmenté de trente minutes, alors qu'elle était restée inchangée en mai. Le salaire moyen hebdomadaire est en hausse de 0,8 %, à 11,82 dollars. Nombreux sont les secteurs qui ont contribué à l'embauche. Le bâtiment et la construction ont créé 23.000 emplois, la distribution 75.000, grâce à la poursuite d'un fort courant d'affaires dans le commerce de détail, point gêné jusqu'à présent par l'accroissement de l'endettement des ménages. Le secteur manufacturier, en revanche, a enregistré une contraction de 7.000 postes de travail. Une économie requinquée Quel est donc le secret de cette véritable machine à créer des emplois que l'Europe envie ? « Les entreprises ont dégraissé pendant cinq ans, elles peuvent maintenant embaucher sans que cela pèse sur leurs profits », explique Bill Sharp. « Il n'y a pas de secret propre aux Etats-Unis », lance, pour sa part, James O'Sullivan, analyste chez JP Morgan : « C'est une grande économie qui traverse un cycle de croissance forte. » Cette nouvelle est pain bénit pour Bill Clinton, candidat à sa propre réélection en novembre, qui voit l'écart qui le sépare de son rival républicain Bob Dole se réduire à la suite des rebondissements de l'affaire Whitewater. Il n'a pas tardé à s'en féliciter. « Nous avons la conjoncture économique la plus solide depuis une génération », a-t-il déclaré vendredi. Les Américains ont de la chance de bénéficier à la fois « d'une croissance forte de l'emploi et de l'investissement et d'une inflation basse ». Il compte faire de la création de 10 millions d'emplois en quatre ans (233.000 par mois en moyenne depuis le début de l'année), l'un des principaux arguments de sa campagne électorale. D'autant que l'opinion publique, longtemps traumatisée par les dégraissages massifs, semble enfin convaincue que les choses s'améliorent. L'indice de confiance des consommateurs du Conference Board caracole à ses plus hauts niveaux, à 97,6 en juin. Selon les derniers sondages, le nombre d'Américains qui approuvent sa politique économique dépasse celui des mécontents (51 % contre 45 %), tandis qu'ils s'interrogent sur son autorité morale et sa politique étrangère. Selon Thomas Mann, expert politique à la Brookings Institution, à Washington, avec une économie aussi requinquée « il faudrait un événement très grave, une inculpation, pour renverser le mouvement vers sa réélection ». Blanca Riemer
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