Hong Kong : le dialogue sino-britannique progresse

Les autorités chinoises détestent l'incertitude. Or l'échéance approche. A moins de dix-huit mois du retour de Hong Kong dans le giron chinois, elles ont réservé un accueil inattendu - presque aimable - à Malcolm Rifkind qui doit rencontrer le Premier ministre Li Peng et le président Jiang Zemin. D'ores et déjà, à l'issue de la première journée de son voyage, le ministre britannique des Affaires étrangères peut se targuer d'avoir obtenu des garanties sur au moins deux points essentiels. Tout d'abord, concernant la construction du très controversé « quai à conteneurs numéro neuf », indispensable à la bonne marche du port de Hong Kong, le représentant de Londres a indiqué que « le gouvernement chinois accepterait la décision que prendront les sociétés concernées ». Reste à savoir ce que fera Jardine Matheson, qui s'était vu attribuer la franchise en 1994, provoquant l'ire de Pékin parce qu'il est l'un des groupes historiques de Hong Kong, qui firent fortune en vendant de l'opium à la Chine au XIXe siècle. Jardine est depuis toujours l'une des cibles de Pékin. On saura bientôt si la société figure ou non dans le nouveau conglomérat du « quai numéro neuf ». Deuxième point important : le statut des résidents étrangers. Lundi, au cours d'une rencontre avec les membres de la chambre de commerce de Hong Kong, le ministre britannique s'était fait apostropher par plusieurs hommes d'affaires occidentaux, lui demandant de « revenir à Hong Kong à la suite de son voyage à Pékin, pour leur dire s'ils auraient ou non le droit de résider à Hong Kong après 1997 ». A l'issue des discussions entre Malcolm Rifkind et son homologue chinois Qian Qichen, il semble à présent que tous les étrangers ayant le statut de « résident permanent » au moment de la rétrocession auront la possibilité de demeurer dans le territoire. Beaucoup ont cependant déjà pris leurs dispositions pour partir. Avant de se rendre à Pékin, le ministre britannique avait passé deux jours dans la colonie, afin de réaffirmer l'engagement du Royaume-Uni à Hong Kong d'ici 1997 et au-delà. Il a d'ailleurs inauguré le bâtiment du futur consulat général britannique, le plus grand du monde. « Nous avons des intérêts économiques à Hong Kong et en Chine, plus importants qu'aucune autre nation européenne, raison de plus pour que l'avenir de ce territoire nous touche », a-t-il expliqué, citant le montant des investissements britanniques : 800 millions de livres en Chine et 70 milliards de livres à Hong Kong. Malgré cette visite plus positive que ne l'ont été les relations sino-britanniques depuis trois ans, il reste un grand nombre d'incertitudes pour les 6 millions d'habitants de Hong Kong. Ainsi, ils ne savent toujours pas de quel type de passeport ils disposeront en 1997. Un comble pour la huitième puissance commerciale du monde. Quant au conseil législatif, élu en septembre 1995, Pékin a promis de procéder à sa dissolution. PHILIPPE LE CORRE À HONG KONG
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